13 Août 12 SpaceGhostPurrp – « Mysterious Phonk: The Chronicles Of SpaceGhostPurrp »
Album
(4AD)
12/06/2012
Dark music for dark people
Après Shabazz Palaces chez Sub Pop et El-P chez Fat Possum, c’est au tour de SpaceGhostPurrp de débarquer sur une imposante plateforme indé, à savoir 4AD. Si cet intérêt soudain détonne, c’est parce que ces artistes s’inscrivent au sein d’une étendue de styles qui ne trouvent peu ou pas de résonance dans leur musique. Pourtant, dans le cas de Markese Jordan, la donne semble différente, la noirceur de son hip-hop renvoie à de nombreuses références qui dépassent le cadre étriqué du rap, et qui trouvent un écho commun avec les premières sorties du label anglais, foyer de Bauhaus ou encore de Dead Can Dance à la fin des années 70. Même si le jeune rappeur est détaché d’une imagerie gothique, les résonances claustrophobes de sa musique semblent se fondre à merveille avec les figures d’hier, bousculant désormais le surestimé Bon Iver et l’insupportable Tune-Yards au sein d’un catalogue dont l’éclectisme n’est décidément plus à prouver.
Amis du soleil et de la bonne humeur, abandonnez tout espoir en pénétrant ici. Bien qu’originaire de Miami, SpaceGhostPurrp n’entend pas vraiment passer la porte de son obscur studio pour se confronter à la lumière. Dès les premières mesures anxiogènes de « Mystikal Maze », le ton est donné: nihilisme et paranoïa s’invitent dans une maison au jardin grouillant de serpents, sur une production ou les synthés ont des allures de portes qui claquent, et le beat l’apparence d’une goutte de sueur sur le front. Et lorsque Markese sort le nez de sa chambre, c’est pour se draper de l’habit du maniaque, chuchotant de manière inquiétante sur de sordides bidouillages (« Bringing The Phonk »). Ici, le noir prend peu à peu des teintes pourpres et lointaines, comme sur « Osiris Of The East » ou « Elevate ». Pas d’échappatoire donc tout au long de ces 14 productions signées par ce fan de Meshuggah et de Metallica qui construit une œuvre fascinante soutenue par une science de la répétition confinant à l’hypnotisme, notamment sur « Get Ya Head Bust » et « Danger ».
Au bout de l’heure écoulée, le voyage se termine, et SpaceGhostPurrp cesse alors de jouer avec nos nerfs. Des nerfs mis à rude épreuve par une musique passionnante mais pas toujours accessible, qui peut dérouter par son ambition et son attractivité malsaine. Lors de ce petit tour de train fantôme, le jeune producteur et rappeur fait donc plus que revisiter les titres issus de ses mixtapes, il leur confère une seconde jeunesse, les revitalisant avec homogénéité. Autant de morceaux que de zombies revenus sur terre pour chasser les vivants, invitant chacun à découvrir son talent névrosé et diablement inventif.
En écoute intégrale
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