13 Nov 07 Soso – « Tinfoil On The Windows »
[Album]
13/11/2007
(Endemik/Import)
Aujourd’hui, un album comme « Tinfoil On The Windows » de Soso n’étonnera sans doute plus grand monde. Il y a encore dix ans, il aurait pourtant été assez impensable d’imaginer la scène hip hop élargir ses frontières à ce point. Heureusement, pendant que le noyau dur du genre s’enlisait dans ses propres clichés, de plus en plus d’électrons libres s’en sont allés graviter tous azimuts autour de nouvelles attractions musicales (jazz, indus, electronica, pop, country, post-rock…)
Un B-Boy du milieu des 90’s qui sortirait tout juste d’un profond coma hallucinerait probablement en voyant des titres tutoyer désormais les dix minutes sur un album de son genre favori. Il risquerait même la rechute en découvrant les influences shoegaze, pop ou même country/blues de ce disque. Comment comprendre un tel grand écart, quand le nec plus ultra de la discipline s’appelait encore Wu-Tang, Nas ou Mos Def avant de fermer les yeux? Comment appréhender une telle mutation sans avoir eu vent de l’éclosion de Boom Bip, Buck 65, cLOUDDEAD, Sixtoo et de toutes les autres figures de proue du hip hop indépendant
L’éventualité de compter des miraculés parmi nos lecteurs étant assez proche du zéro, on ne vous cachera donc pas que, à condition bien sûr d’être familiarisé avec les noms cités dans la phrase précédente, ce nouvel album de Soso ne redessinera pas votre carte du monde rapologique. Ce qui ne veut pas dire qu’il est mauvais pour autant. Si vous avez aimé Fog, 13 & God ou Mr Cooper, vous apprécierez très certainement les relents shoegaze façon My Bloody Valentine de « Rubber Rings » ou « For A Girl On A Faraway Hill ». Si vous ne vous êtes toujours pas remis des premiers albums expérimentaux de Buck 65, vous reviendrez souvent à ce disque de son compatriote canadien (qui sont décidément sur tous les fronts ces dernières années)
Signé sur le label Endemik de Scott Da Ros (Bleubird, SkyRider …), « Tinfoil On The Windows » voit en effet le rappeur Soso collaborer avec son pote Maybe Smith (auteur d’une poignée de jolis albums de pop alternative) pour donner naissance à une sorte de hip hop progressif, vraisemblablement nourri d’influences du catalogue Constellation (GY!BE, Do Make Say Think…), des BO de films de Ry Cooder, de l’anti-folk de Bonnie Prince Billy et de la pop tarabiscotée de Stereolab. Rien qui n’ait pas déjà été entendu ces derniers temps par conséquent, mais la maîtrise du propos est tellement évidente qu’on conseillera néanmoins ce disque qui fleure bon les après-midi allongé sur le lit, les yeux fermés, à se demander pourquoi, bordel de merde. Parce qu’il faut quand même préciser, au cas où vous ne l’auriez pas encore compris, que « Tinfoil On The Windows » n’est pas le truc que vous allez jouer pour vous mettre la pêche le matin. L’ambiance générale du disque est plutôt morose, comme un dimanche sous la pluie. Le spoken word ou le chant presque faux de Soso portent à eux seuls le poids de la misère humaine, et les instrumentaux de Maybe Smith sont gorgés de la même mélancolie que ceux de Radiohead ou The Notwist. Des morceaux comme « All The Useless Things These Hands Have Done », « Floorboard And » ou « One Eye Open » risquent donc de vous filer le bourdon pour plusieurs heures. Mais, après tout, est-ce que vous iriez vous plaindre de ne pas trouver le soleil et la plage en Alaska? Les gens qui achèteront « Tinfoil On The Windows » savent pourquoi. Et ils auront bien raison
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