Sorry – ‘925’

Album / Domino / 27.03.2020
Pop rock

Ca commence comme dans un piano bar, très tard, quand tout le monde est bien fatigué. Le saxophoniste se lâche sur quelques accords jazzy dégoulinants, la fille laisse traîner sa voix, fainéante, provocante, tandis que le garçon qui l’accompagne souligne avec la même lassitude ses fins de phrases… Ainsi s’ouvre 925, le premier album des tous jeunes (et tellement prometteurs) londoniens de Sorry.

Guettés par la presse et couvés par leur label Domino depuis la fin de leur adolescence, annoncés comme l’avenir du rock (encore un !), les deux se dénotent des grandes révélations de ces dernières années par un son plus lourd et produit, plus bluesy également, que les explosions post-punk réjouissantes auprès desquelles ils se sont judicieusement rôdés (Fontaines DC, Shame…).

Elle, c’est Asha Lorenz, lui, le guitariste Louis O’Bryen, et leur duo insolent, très inspiré, fonctionne déjà comme un grand. Une batterie structurante alternant une épaisseur blues ou une rigueur math, une ligne de basse confortable, des guitares toujours étudiées et au bord de la dissonance (Right Round The Clock,Wolf), et une langueur à toute épreuve (In Unison, As The Sun Sets, Rock’n’Roll Star, Heather) sont les marques de fabrique de Sorry. Le groupe marche en permanence sur un fil tendu d’une pop-rock encore à la recherche de la formule magique. Et si chaque morceau est efficace en soi (ô, le soin apporté aux mélodies !), l’ensemble manque d’une ligne directrice claire, et le goût pour la fioriture n’est pas toujours de bon goût (Ode To Boy).

Mais plus qu’un défaut, à leur âge, ne pas avoir de parti-pris est un excès de richesse. On ne saurait que les mettre en garde contre la tentation des excès (musicaux) en tout genre, les overdoses sonores et l’auto-satisfaction. Mais la musique d’Asha et Louis a tellement de caractère que c’est bien au présent qu’il faut en profiter, sans retenue.