Son Lux – ‘Tomorrows II’

Son Lux – ‘Tomorrows II’

Album / City Slang / 04.12.2020
Post pop

Dès l’entame de Tomorrows II, les premières mesures de Warning laissent penser que cette seconde partie du triptyque prévu par Son Lux peut atteindre les sommets de son ainée. Mais si cette mise en orbite est magistrale, la capsule peine à garder le cap. La bande de Ryan Lott ne signe pourtant pas là un mauvais album, le groupe reste toujours inspiré, méticuleux, exigeant, mais il faut bien convenir que l’enchantement et la promesse du premier versant de ce projet nous avait peut-être emporté trop haut.

Les premières notes de Warning, pourtant, laissent augurer le meilleur, le trio trouvant une fois encore la tension parfaite entre le fond et la forme : la poétique du verbe (‘Am I leaving you in the morning my dear? I’m leaving you the warning, my dear‘) alliée au dépouillement d’un piano préparé, à la réverbération profonde, avant qu’une déferlante de petites perles piochées dans les aigus du clavier vienne littéralement couper le souffle dans les dernières secondes.

Il est difficile de comprendre pourquoi tout ne fonctionne pas comme ça par la suite. Peut-être est-ce une sorte de syndrome de la trilogie : il n’est pas rare que le second élément soit régulièrement mésestimé. Ou bien un effet de normalisation, passée la découverte de Tomorrows I : ce second volet en reprend les codes et les recettes, et n’offre pas de direction particulière, pas de ‘proposition’ nouvelle. On retrouve des passerelles instrumentales : Out Of Wind et ses cordes au traitement oriental, et Weight Of Your Air digne d’une BO d’anticipation façon Hans Zimmer, toutes deux posées en écho à Molecules ou bien encore Borrowed Eyes (clin d’oeil à Warning) qui ferme l’album dans un glissando de cordes glaçantes.

On retrouve le même soin apporté aux cordes, les mêmes superpositions et la même complexité rythmique, ce timbre de voix toujours plus travaillé et ces paroles qui interrogent, toujours, ce que seront les lendemains. Pourtant, tout paraît plus affecté, moins authentique. Nous restons aux portes de cette démonstration d’où semble avoir disparu la part d’affect. L’enchaînement de Molecules, Prophecy (malgré son blues détraqué) et Leaves reste déclaratif, et si les mots sont beaux (jusque sur le dernier titre Live Another Life et sa construction en double-sens ‘Live Another Life/ Live Another’s Life’, redoutable), le discours peine à atteindre l’émotion qui embraserait tout l’album. Au final, c’est beau, mais ça reste froid.

Tomorrows II nous interdit de nous projeter. Dans cette année 2020 qui a vu nombre d’artistes produire outre mesure, on en vient à espérer que Son Lux ait pensé un réel tryptique plus qu’une méga compil’. On sait le groupe naturellement prolixe et déconcertant, alors on étouffe notre frustration et on garde l’espoir que le troisième temps de ces lendemains soit enchanteur.

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A ECOUTER EN PRIORITE
Warning, Prophecy, Live Another Life


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