18 Juil 11 Sole & The Skyrider Band – « Hello Cruel World »
Album
(Fake Four Inc/Equinox)
19/07/2011
Hip hop à la sauce electro post rock
Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis que nous avons croisé Sole officiellement pour la dernière fois. C’était en 2009 exactement, pour « Plastique« , dernier album en date de sa collaboration avec le Skyrider Band. Entre temps, le bonhomme a claqué la porte du label Anticon – celui grâce auquel il est ni plus ni moins devenu une figure incontournable du hip hop actuel – pour mieux servir les intérêts de Fake Four Inc, autre structure visionnaire mais plus accessible, nettement plus en vue ces derniers temps avec les sorties successives de Blue Sky Black Death ou Noah 23. Tout cela sans compter évidemment ses habituelles pérégrinations sous le pseudo Mansbestfriend, comme ses multiples initiatives qu’il laisse éclore à l’envie (le concept autoproduit Nuclear Winter entre autres) et qui ont fait la majeure partie de son actualité musicale ces derniers mois.
En cet été 2011, en collaboration avec le label Equinox pour la France, Tim Holland revient donc aux affaires sérieuses en remettant le Skyrider Band sur ses rails, pour une fois encore tenter de faire un pas en avant, et emmener ce savant mélange de post rock et de hip hop dans des contrées encore inexplorées. Et le bougre n’y est pas allé avec le dos de la cuillère puisqu’on peut quasiment considérer que la remise en question fut presque totale au moment de s’atteler à ce « Hello Cruel World ». Chiadé, l’album l’est plus qu’aucun autre, musicalement d’abord puisque le groupe – s’il reste fidèle à son éthique home-made – sert à Sole des productions beaucoup plus denses et délicates qu’auparavant, beaucoup plus basées sur le détail que sur l’efficacité rythmique d’antan.
De ce fait, et parce que cette collaboration s’est toujours révélée fructueuse et intéressante jusque là, notre rouquin velu ne pouvait évidemment pas rester fidèle à son flow agressif, devenu véritable marque de fabrique renforcée à chaque étape discographique. Pour la première fois vraiment, Sole se met donc en danger, adopte un flow nouveau, souple, fluctuant, et infiniment moins hargneux qu’auparavant: un choix courageux dont il paye d’ailleurs les pots cassés lors de certains passages trop poussifs de ce disque (« Bad Captain Swag », « Formal Designation 134340 ») qui se voile forcément de sons synthétiques parfois limite indigestes (« Home Aint Shit », « Vaya Con El Diablo »), comme d’une ambiance plus hypnotique, malgré la contribution d’invités de marque (Xiu Xiu, Lil’B, Mestizo, Ceschi, Pedestrian, Sage Francis…) tentant tant bien que mal de les recoller.
Mais Sole & The Skyrider Band ne va pas pour autant jusqu’au faux pas: à l’occasion de quelques titres habités d’une intensité revigorante (« DIY », « Fire », « Possimism »), d’une ambiance générale qui parvient à vous happer (« Hello Cruel World »), ou d’une approche acoustique et mélodique qui convient toujours bien à Sole (« We Will Not Be Moved »), on entrevoit pleinement la volonté de renouvellement qui a frappé la troupe au moment ou elle s’est enfermée fin 2009 dans son studio de Denver. Seulement, l’enthousiasme fluctue au fur et à mesure qu’on s’enfonce dans ce « Hello Cruel World » qui aurait mérité de beaucoup plus de constance pour se révéler être le chef d’oeuvre attendu. Et à chuchoter plus qu’à bramer, Sole ne peut empêcher l’ennui de se pointer plus rapidement.
En écoute
« DIY »
« Bad Captain Swag »
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