Sole & Skyrider Band – « Plastique »

Sole & Skyrider Band – « Plastique »

sole180Album
(Fake Four Inc)
13/10/2009
Hip hop alternatif

Aborder un nouvel album de Sole n’est pas chose facile tant on reste partagé entre son parcours remarquable de précurseur, la qualité de son flow comme de ses textes, et une certaine déception qui règne tant il peine depuis longtemps à prendre des risques, déclinant une seule et même couleur musicale, pas toujours avec succès. Quand il y a deux ans exactement, il annoncait s’entourer d’un groupe, on y voyait alors l’espoir d’entendre Tim Holland emmener son flow toujours impeccable dans des contrées musicales inédites chez lui. C’est pourtant un goût d’inachevé qui dominait puisque, bien que solidement épaulé, le californien préférait rester fidèle à ses ambiances sombres et pesantes, à peine enrichies par l’approche instrumentale. On attendait donc forcément plus de « Plastique », censé refléter une osmose collective plus évidente, et voir le Skyrider Band s’affirmer plutôt que se mettre au service d’un seul homme.

Manque de bol, c’est une nouvelle fois sur le fond que la fine équipe s’est attardée, confiant majoritairement la forme à sa petite routine (« Pissing In The Wind », le plus accessible ici, semble échappé de l’album éponyme). Et pour cause, Sole a toujours des choses à dire. Autrefois beaucoup plus engagé politiquement, il s’est cette fois attaqué à notre Société, celle qu’il a d’ailleurs voulu fuir ces deux dernières années en se retirant dans une cabane de l’Arizona, sans téléphone mais avec quantité de livres. Certainement parmi les Mcs les plus intellectuels de la scène indépendante, avec de surcroit ce flow dense et intense qui a toujours fait sa personnalité, personne ne sera véritablement surpris de l’entendre coller une nouvelle fois aux meilleures de ses oeuvres passées. Malheureusement, bien qu’un peu plus complexe que sur le précédent disque, « Plastique » ne surprend pas non plus musicalement, tant se confondent toujours productions typiques des machines Anticon et apport de musiciens live. Ainsi, l’entame « Children Of Privilege », avec son beat appuyé et les violons qui geignent en fond, ne dépaysera pas vraiment le fidèle public d’un Sole, déjà en mode haut débit. Idem pour l’énergique « Longshots » et « Nothing Pt2 ». Et la remarque vaut également sur des titres plus lents, comme « Battlefields » renforcé par la contribution vocale de Markus Acher (The Notwist), ou le groupe avait pourtant l’occasion de faire la différence.

Mais, le manque total d’intérêt n’ayant pas lieu avec Sole, certains titres viennent heureusement rehausser le niveau, et laissent même entrevoir enfin ce dont tous sont capables: « Bait » est clairement un des moments les plus aboutis de ce disque, « More » voit enfin l’homme dominer la machine et le Skyrider Band s’imposer à juste titre, « Mr Insurgent » laisse les samples dominer le beat, prend enfin le risque d’emmener Sole au delà de son petit confort, et le final « Black », bruitiste à souhait durant plus de sept minutes, finit d’apposer à ce disque l’ambiance malsaine qui lui fallait pour soutenir le thème principal cher au Mc. Pourtant, « Plastique », tant il flirte régulièrement avec la cacophonie – chose à laquelle on pensait échapper avec le groupe – risque fort de ne pas parler à quiconque ne sera pas passé par les chapitres précédents de sa discographie. Tim Holland est un poète, a toujours été un artiste anti commercial, et « Plastique » intègre totalement son éthique, justement élitiste pour beaucoup.

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1 Comment
  • Maxime
    Posted at 17:10h, 16 octobre Répondre

    A quand un véritable successeur à Live from Rome?

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