10 Mar 08 Snoop Dogg – « Ego Trippin »
[Album]
10/03/2008
(Geffen/Universal)
Si la côte ouest américaine est un royaume, Snoop Dogg est certainement l’un de ses seigneurs, régnant sans partage sur le g-funk. Artiste multi-cartes (il est acteur, parfois présentateur télé ou d’évènements de plus ou moins bon goût), il reste avant tout un rappeur unique. Que ce soit par son flow nonchalant, sa voix inimitable, ou le personnage en tant que tel, il ne laisse personne indifférent. Souvenons-nous de ses débuts fracassants en 1993, quand avec « Doggystyle », il amenait le rap west-coast pour la première fois directement numéro 1 des charts U.S, influençant par la même occasion toute une génération de MCs, comme tout un pan du rap qui connaîtra des lendemains difficiles après la mort de son ami Tupac. Depuis, on retrouve aléatoirement Snoop au cinéma, très souvent en featuring, et parfois aussi pour un album de plus ou moins bonne qualité. Pour « Ego Trippin », il a pris son temps, s’est servi de son expérience, et certainement d’une ouverture d’esprit commune à beaucoup d’artistes du milieu hip hop ces derniers temps, afin de proposer un album surprenant, qui marque une petite révolution dans son approche artistique
Accompagné de Dj Quick, de Teddy Ryley (avec qui il a décidé de collaborer « ad vitam eternam »), Frequency, Khao et de beaucoup d’autres producteurs de renom, il pourrait provoquer un nouveau tremblement de terre en Californie. Première secousse: « Press Play », ouvrant magnifiquement le bal, avec une section cuivre au diapason, faisant rouler le phrasé légendaire, entremêlé des vociférations de Kurupt. Juste une tuerie. La folie eighties l’ayant lui aussi contaminé, il utilise à maintes reprises un vocoder, cependant assez commun dans le G-Funk, comme sur le refrain de « SD Is Out », ou sur le single « Sexual Irruption » qu’il enrichit indéniablement, comme le prouve le clip qui l’accompagne ou Snoop est parfait, subtil mélange d’un Bootsy Collins ayant muté en Prince. Un grand moment
Mais qui aurait cru qu’un jour il rendrait hommage à Johnny Cash avec ce « My Medicine » qu’il faut écouter deux fois pour le croire. Hallucinant, surtout qu’il est parfaitement positionné avant « In My Chevy », vrai titre gangsta, comme pour mieux marquer l’ambivalence qui habite désormais son être. Toutefois, il n’oublie pas son premier auditoire, celui des dancefloors et qui a fait sa réputation. Il lui offre « Whateva U Do », « Deez Hollywood Nights », dignes des « Gin&Juice », « Ain’t No Fun » du passé. Ou encore « Cool », pur moment électro-funk, entre Parliament et Calvin Harris. Collant également à l’air du temps, et certainement à la demande du marché, il ne va pas sans nous servir quelques titres mainstream, vite excusés quand il s’essaye à un hip hop plus classique, concocté avec maestria par Frequency (« One Chance(Make It Good ) »). De quoi regretter qu’il ne fasse pas un jour un album intégralement dans ce style qu’il maîtrise visiblement parfaitement, et qu’il continue néanmoins de nous servir avec les petits bijoux « Neva Have 2 Worry », « Sets Up », « Those Gurlz », tous plus attendus, mais toujours efficaces
On est bluffé par la démonstration d’un talent définitivement plus vaste qu’on ne le pensait. Et si on connaissait sa maitrise, l’ouverture dont il fait preuve n’en reste pas moins étonnante, même si on entrevoyait cette capacité via certaines collaborations surprenantes, désormais mises à son seul profit. Snoop conserve ainsi les bases qui ont consolidé son succès, en y ajoutant une originalité qui lui aura souvent fait défaut. Pour cela, pas moins de vingt titres étaient nécéssaires pour remettre de l’ordre à l’Ouest, et marquer à nouveau son territoire, infiniment plus grand, moins bling-bling mais bien plus impressionnant. Incontournable
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