
02 Avr 25 Snapped Ankles – ‘Hard Times Furious Dancing’
Album / The Leaf Label / 28.03.2025
Art rock
Si l’habit ne fait pas le moine, il reste toutefois un bon indicateur de la potentielle orientation musicale de certaines formations. Avec ce quatrième album studio, le mystérieux collectif Snapped Ankles récidive avec une nouvelle petite bombe à danser, toujours au carrefour d’une électro tribale et d’un post-punk hédoniste.
Dans leur univers bricolé, tendance synthés lo-fi et percussions inventives, les neuf nouveaux morceaux de ce nouvel album – qui emprunte son titre à celui d’un recueil de poèmes d’Alice Walker – font mouche. Évitant les écueils d’une conception trop binaire de la musique électronique ou de la relative inaccessibilité des expérimentations noise, le quatuor londonien trouve le juste milieu en puisant son inspiration dans une musique organique, toujours énergique, jamais paresseuse. Puisque les temps sont durs, il fallait une riposte à la hauteur. De la danse, de la fureur, et une bonne dose de bonne humeur malgré les sujets abordés – l’inflation, le monde du travail, les politiques discriminatoires, l’anxiété généralisée. Pragmatique, jamais tout à fait anecdotique, le sérieux de ces thèmes ne cède pas pour autant à la fièvre incantatoire sur fond de beep boop music à laquelle se livre ces étranges créatures. Quitte à sacrifier le pouvoir de certaines mélodies, qui auraient peut-être gagnées à être mises plus en avant dans un processus d’épuration. Mais c’est aussi tout l’intérêt de l’aspect carnavalesque du projet : tordre la réalité jusqu’à l’absurde sans minimiser ses excès. Dans sa conclusion aux faux airs de fin du monde (‘Save up, prepare pack what you can, escape, break out for another winter’s plan, we landed in an empty town‘), Closely Observed offre un nouveau départ à cette humanité désenchantée, portée par le magnétisme de son hypnotique drone final.
Porté par une voix qu’on jurerait être celle de Mark E. Smith et par une orientation musicale qui n’est pas sans rappeler celle de LCD Soundsystem, ces cousins britanniques de Why The Eye savent mieux que personne mener la danse pour faire de ce monde en ruines leur propre terrain de jeu.
Photo : Louise Mason
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