08 Oct 10 Sna-Fu – « Mighty Galvanizer »
Album
(MVS)
11/10/2010
Post hardcore
En un coup, celui asséné par « Tonnerre Binaire » en 2007, Sna-Fu bousculait la hiérarchie de la scène rock hexagonale, décapitant les derniers récalcitrants d’un néo métal devenu trop pathétique pour continuer d’exister. Car, plutôt que de jouer aux faux durs maitres de cérémonie pour adolescents attardés, le combo parisien préférait marier les influences suédoises et américaines du hardcore, comme jamais elles n’avaient été réunies chez nous auparavant. Trois ans plus tard, Sna-Fu est donc logiquement attendu au tournant. Plus particulièrement ce « Mighty Galvanizer » amenant avec lui toute l’évolution d’un groupe autant capable d’enfoncer le clou que de se perdre dans ses ambitions. Car après la surprise et la découverte vient la délicate étape de la confirmation. Pour cela, Sna-Fu doit aujourd’hui faire face à deux missions cruciales pour la réussite de son nouveau disque: prouver qu’il a digéré ses influences, et que ses progrès ne l’ont pas fait chuter dans cet étroit fossé séparant ambition et prétention, celui qu’il faut savoir enjamber quand on ne le voit pas forcément venir et dans lequel pas mal d’homologues passés avant lui sont tombés. Pour un peu tout cela à la fois, « Mighty Galvanizer » est – au choix – une demi-déception ou un demi-succès.
Explications. Malgré sa fougue et l’urgence de son registre, difficile pour Sna-Fu d’y cacher les longues heures passées à écouter Refused et At The Drive In, deux des influences qui lui coulent littéralement dans les veines tant elles reviennent constamment ici, que ce soit en surface ou lors de quelques breaks sans équivoque (« Leaf »). Cette fois de surcroit, celle de The Mars Volta s’en mêle, et permet de souligner les évidents progrès affichés par le groupe autant qu’elle lui confère un côté technique très démonstratif, rendu parfois indigeste quand un déluge de riffs et d’incessants enchainements viennent également y mettre leur grain de sel (« Firefriend »). Sans compter les « Bang Bang » et leurs quelques sursauts surprenants et totalement à contre courant façon « The Shape Of Punk To Come » de Refused (album inégalable rappelons le), et on arrive vite à la conclusion que Sna-Fu est peut être aujourd’hui vêtu d’un costard un peu trop grand pour lui, si ce n’est d’ambitions démesurées.
Dommage car, quand on gratte un peu cette première couche, on retrouve en toile de fond toute la teneur du premier album: ce hardcore habillé d’un voile rock, comme ces quelques pointes hard rock qui auraient laissé leurs penchants les plus kitsch au vestiaire. Généreux et explosif, Sna-Fu l’est incontestablement toujours, maitre de ses instruments aussi, et aligne ainsi logiquement quelques titres très réussis (« Numbers », « Reclouds », « Line Breaker », « The Believer »), rappelant le statut qui est bel et bien le sien: celui d’un groupe bourré de talent, blindé de facilités, mais qui n’a peut être pas encore trouvé le meilleur moyen de tout exploiter au mieux. Ne lui reste donc plus qu’à canaliser, épurer (« Asa No Mezame », « Stream » et « The Sword » ne font qu’alourdir un ensemble déjà trop long), et se débarrasser de rapprochements trop évidents qui, par la même occasion, l’éloigneront inévitablement de comparaisons trop lourdes à porter. Mais derrière cette critique peut être un peu virulente, beaucoup d’espoir: Sna-Fu trébuche mais ne tombe pas, et c’est bien le principal car on le veut toujours dans la course.
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