Slowthai – ‘Nothing Great About Britain’

Slowthai – ‘Nothing Great About Britain’

Album / Method / 17.05.2019
Grime

Il y a du John Lydon chez Slowthai. Un peu de Joe Strummer aussi. Et même quelques accointances avec Jason Williamson de Sleafords Mods. Non pas que la musique de Nothing Great About Britain renvoie aux grandes heures de London Calling, mais on ne peut pas s’empêcher à l’écoute de tisser une filiation entre la morgue de Tyron Krampton et cette tradition du crachat sur la couronne que porte depuis longtemps en elle une partie de la musique anglaise.

En s’improvisant pourfendeur des maux du Royaume d’Angleterre, Slowthai déroule par la même occasion sa langue goguenarde et sa démarche de scélérat dans ses recoins les plus inquiétants. Doté d’une plume vive où se mêlent blagues potaches, insultes franches (Elizabeth y est traité de ‘cunt’ dès l’ouverture avec un accent courtois tout indiqué pour l’heure du thé) et critique acerbe, le jeune anglais de 24 ans se moque de tout, y compris de lui-même, pour raconter son adolescence à Northampthon, sa mère élevant seule quatre enfants, la mort de son frère, et les indéboulonnables galères qui ont jalonné son parcours.

Fin observateur, le jeune rappeur délivre un phrasé où accent épais et références éparses s’épanouissent : l’anguille en gelée, les toasts et les beans s’agglutinent auprès d’une levée de drapeau qui se conclue par un ‘Hand on my heart i swear i’m proud to be British‘ d’une délicieuse ironie. Plus loin, l’outro de Gorgeous évoque un mensonge cruel au détour d’un match de foot, avant que quelques remerciements à l’honnêteté peu commune ne se fassent entendre sur Peace Of Mind : ‘Gotta thank mum for the 23 years she wiped my arse‘.

Au sein de productions anxiogènes (Grow Up, Polaroid, Peace Of Mind) qui se tournent aussi bien vers le grime que le punk (la cavalcade effréné de Doorman), Slowthai – soucieux de donner du sens à ses contradictions – élabore de petites histoires qu’il projette comme autant de glaviots au visage d’un pays au bord de la rupture, tenté par le repli sur soi et victime de conflits générationnels qui entravent sa raison. Dans ses temps troublés, Slowthai a des allures de bouffon au sens noble du terme : celui qui distribue les rires et les claques dans le dos avant de distiller son verbe acide sur les maux d’une société paumée.

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A ECOUTER EN PRIORITE
Nothing Great About Britain, Crack, Grow Up, Peace Of Mind, Northampton’s Child, Drug Dealer, Polaroid


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