03 Mar 19 Sleaford Mods – ‘Eton Alive’
Album / Extreme Eating / 22.02.2019
Punk hop
On ne sait plus très bien si l’on doit encore adouber Sleaford Mods, se laisser amadouer par sa destinée singulière, ou s’il faut qu’on cède à la lassitude de la répétition. Uniques à leurs débuts de par leur mélange de punk, de post punk et de hip hop, Jason Williamson et Andrew Fearn sont rapidement devenus parmi les plus prévisibles du circuit. ‘Nous aimons que ça sonne comme ça, et je ne veux pas vraiment qu’il en soit autrement. Je préfère que la musique garde cet aspect minimaliste et brutal’ nous confiait récemment la grande gueule du duo, tout en admettant ne pas être totalement opposé au changement.
Eton Alive, nouvel album marquant le départ de Rough Trade et la création du propre label du groupe, incarne plus que n’importe lequel de ses prédécesseurs l’inconfort d’avoir le cul entre deux chaises. Vissé sur ses positions artistiques, Sleaford Mods réitère ce que l’on a toujours entendu de lui : des productions épurées au possible, portant un flow bavard en guerre contre les élites responsables de l’austérité du pays (Into The Payzone). Une recette anglo-anglaise qui n’a jamais empêché le duo de voir son public européen faire tâche d’huile, malgré des thèmes locaux et une approche musicale très avare en avancées notoires.
Pourtant, si Eton Alive ne révolutionne pas l’identité du duo, il a le mérite de lâcher un peu la bride, de proposer quelques nouveautés tout en restant fidèle à l’esprit et à l’énergie de Sleaford Mods (Flipside). Plus riche et plus complexe, ce cinquième album des deux compères de Nottingham creuse non seulement les fossés entre leurs diverses influences typiquement anglaises (Kebab Spider, OBCT, Top It Up, Subtraction), mais adresse surtout un clin d’oeil toujours plus franc à la pop alors qu’Andrew Fearn ajoute quelques rondeurs à ses productions (Big Burt), et que Williamson joue enfin au mélodiste (When You Come Up to Me). Du mieux donc, mais trop peu. Parce qu’à tremper le gros orteil pour prendre la température de l’eau on ne provoque pas des remous, à Sleaford Mods de s’extirper pour de bon de son petit confort, de prendre des risques et de se libérer totalement. La routine guette, et avec elle l’indifférence qu’elle inflige souvent.
A ECOUTER EN PRIORITE
Kebab Spider, When You Come Up To Me, Top It Up
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