SIZ – ‘Blind’

SIZ – ‘Blind’

Album / Howlin Banana – Flippin Freaks / 29.09.2023
Noisy pop

Dans la chanson Young Bro, TH Da Freak – alias Thoineau Palis – chantait avec humour les liens qui l’unissaient avec son jeune frère, Sylvain, également bassiste de son groupe. Le clip, tout aussi drôle, mettait en scène l’emprise dévorante de l’aîné sur le cadet, ainsi que les efforts apparemment désespérés de celui-ci pour s’en libérer. Cette fiction, pourtant, résonne différemment à l’écoute du nouvel album de SIZ, le groupe de Sylvain Palis, puisque ce dernier, à l’instar de son Old Bro sur Indie Rock, y rassemble avec une belle conviction toutes ses influences pour en produire une synthèse réjouissante, affirmant par là même et avec force sa propre identité. Le bouillonnement incontrôlable de créativité Lo Fi, caractéristique – jusqu’alors – des productions des frangins sur leur label Flippin’ Freaks, semble à présent, pour l’un comme pour l’autre, se stabiliser pour dessiner avec plus de netteté les contours de personnalités musicales cultivant chacune avec détermination et éclat sa propre singularité.

Blind, le second album de Siz, s’éloigne quelque peu de la formule garage rock de Liquid, de 2019, en utilisant la lourde puissance du grunge, l’obligeant par là même à concentrer ses effets avec plus de précision. Si l’influence de Ty Segall résonne moins que celle de Nirvana, ce n’est pas simplement dans la manière de chanter ou de faire cracher les guitares, mais également et plus essentiellement dans la juste compréhension de la leçon délivrée par le groupe de Kurt Cobain, à savoir que la robustesse du son ne peut se justifier qu’au regard de la valeur des mélodies proposées. Et il se trouve qu’ici les compositions montrent leur force tant dans la qualité de leur écriture que dans l’intensité de leur expression. Le début de l’album en offre une belle démonstration : It’s Over, furieux et massif, ravage tout sur son passage mais élève son imposant refrain en puisant du côté des Queens Of The Stone Age ; Eyes don’t Lie, plus pop, calme apparemment le jeu mais n’oublie pas au bon moment de durcir le son ; le single Illuminated s’impose comme une ballade grunge idéale alternant moments de mélancoliques confessions avec sursauts d’énergie dévastatrice ; Ooook, enfin, synthétise ce monstrueux démarrage en conjuguant habilement calme, puissance et rapidité. La suite ne faiblit pas mais se diversifie habilement avec le nirvanesque These Questions, l’impatient et frénétique Abracadra Love, jusqu’au final qui s’aventure vers une forme de noise pop aux troublantes et brumeuses athmosphères avec Strange Loop, What Does Moon Think et The Blinded Blind Man.

Face à l’incertitude de l’avenir, n’est-il pas urgent de convoquer du passé ce qui peut constituer des fragments d’éternité ? Siz, sans aucune once de nostalgie, tisse des liens salutaires entre ce qui fût et ce qui est, afin de retrouver une source vive et inépuisable de plaisir. Ce mur du son massif, cette voix dont la puissante affirmation peut soutenir toutes les envolées et les accélérations de l’instrumentation, ces évidentes qualités mélodiques, constituent les atouts de Blind, le prolongement des aventures musicales de Siz, qui pourrait tout aussi bien constituer son nouvel acte de naissance.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
It’s Over, Eyes Don’t Lie, Illuminated, Ooook


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