Sisyphus – ‘Sisyphus’

Sisyphus – ‘Sisyphus’

Album / Asthmatic Kitty – Joyful Noise / 17.03.2014
Electro hip pop

Alors que Sufjan Stevens profitait d’une médiatisation inédite au lendemain de l’excellent ‘The Age Of Adz‘, que Son Lux continuait de se faire un nom dans la foulée de son deuxième album ‘We Are Rising‘, et que le hip hop marginal de Serengeti commençait à sérieusement multiplier les adeptes, les trois décidaient de collaborer. Sous le nom de S/S/S, ils ne tardaient pas à sortir un Ep intitulé ‘Beak & Claw‘, aujourd’hui toujours bien incrusté dans les mémoires, pour finalement tomber dans un mutisme pesant qui laissait penser à un simple coup d’un soir. Jusqu’à l’annonce de ce premier opus éponyme à sortir sous la nouvelle identité Sisyphus. Vraiment pas de quoi laisser retomber l’enthousiasme.

Dans la lignée de sa première production, sans pourtant jamais atteindre le niveau d’excellence du titre ‘Museum Day’, le trio combine donc une nouvelle fois ses savoir faires respectifs, tous inspirés pour l’occasion par le travail de l’artiste-peintre contemporain Jim Hodges. Serengeti déroule ainsi son flow mouvant sur la majorité des onze titres de cet album imprégné de l’habituelle beauté mélancolique de Sufjan Stevens, et orné du travail de production méticuleux de Son Lux: une combinaison qui accouche évidemment de belles promesses (‘Hardly Hanging On’, ‘Alcohol’), mais qui laisse aussi apparaître une certaine inégalité, dont il faut chercher la cause à la fois dans le concept imposé, mais peut être aussi dans les trois semaines que les trois compères se sont seulement accordés pour l’ériger.

Ainsi, au delà de quelques titres qui perdent de l’intérêt en étant trop dévoués à l’un des trois acteurs (‘Booty Call’, ‘Flying Ace’, ‘I Won’t Be Afraid’), le disque livre quelques passages à la hauteur des attentes et du potentiel qu’on veut bien lui accorder. Parmi eux, et indiscutablement, l’entame ‘Calm It Down’ à l’electronica peu à peu dévorée par la patte Sufjan Stevens, ‘Take Me’ transformée en grand moment d’émotion par les deux musiciens du lot, le grandiloquent et parfaitement équilibré ‘Rhythm Of Devotion’, ou l’irrésistible groove funk de ‘Lion’s Share’. Certes, et comme en attestent ‘Dishes In The Sink’ et ‘Alcohol’, Sisyphus n’est pas encore vraiment la somme de ses trois talents. Reste que l’album – déjà très cohérent – ôte tout doute quant au fait que ces trois là sont bel et bien faits pour s’entendre. Plus encore s’ils devaient s’offrir plus de temps et de liberté à l’avenir.

‘Calm It Down’, ‘Take Me’, ‘Rhythm Of Devotion’, ‘Lion’s Share’


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