Shawn Lee & Clutchy Hopkins – « Clutch Of The Tiger »

Shawn Lee & Clutchy Hopkins – « Clutch Of The Tiger »

Clutch Of The Tiger[Album]
21/10/2008
(Ubiquity/La Baleine)

Ne comptez pas sur Shawn Lee pour dévoiler le secret qui entoure le mystérieux Clutchy Hopkins, producteur américain à l’identité volontairement floue, source des rumeurs les plus folles (un des Beastie Boys? Cut Chemist? Dj Shadow? Madlib?), et auteur de l’excellent « Walking Backwards » sur lequel on s’était longuement penché en début d’année. Et pour cause, au delà d’une biographie du projet pour le moins fictive, soulignant plus encore l’anonymat du bonhomme, c’est sur la base d’échanges de fichier que « Clutch Of The Tiger », collaboration aussi prometteuse que réussie entre deux compositeurs inspirés, aurait soi disant pu voir le jour. A moins qu’on nous berne, comme le laisse penser une autre rumeur, et que l’un soit l’autre. Ou inversement

Car à l’écoute de ces douze nouveaux titres, soit disant nés sous le soleil californien et la bruine londonienne, Clutchy Hopkins comme Shawn Lee parviennent aisément à laisser transpirer leur patte respective en s’adonnant à de réguliers et polis vas et viens (« Til Next Time » et « Indian Burn » pour les plus flagrants). Cette théorie d’un seul et même homme aurait alors le mérite d’expliquer pourquoi les deux ont si facilement trouvé cette même longueur d’onde. Mais alors que dire de ces sourires complices, capables de remettre un peu d’huile sur le feu, qu’on entendrait presque au détour de quelques titres rondement menés (« Full Moon », « Across The Pond », « Bill Blows It »), partagés entre sonorités acoustiques et électriques, ambiances chill out et jazzies, couleurs foisonnantes, et réchauffés par l’analogique comme les instruments à vent apportés ici ou là par leurs (ses) amis de Breakestra, The Keystones et Herbaliser

Pourtant, leur impact est parfois minimisé par une trop grande linéarité, comme une constante à la fois rythmique et musicale, qui peuvent très vite ennuyer si on ne tend pas l’oreille attentivement afin d’attraper au vol la moindre subtilité: le mysticisme de « Bad Influence », les synthés seventies de « So Easily…So Naturally » et « Dollar Short », les longues virgules guitaristiques de « When I Was Young » par exemple. Dans ces cas seulement, et à l’extrême comme sur les deux réussites « Til Next Time » et « Indian Burn », Lee et Hopkins pourraient prétendre à une comparaison avec les grandioses MacDermot et Axelrod tant ils maîtrisent eux aussi cette indispensable science du groove. On n’y est pas, mais on s’en rapproche, et c’est déjà beaucoup pour qu’on s’en souvienne.

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