20 Sep 19 Shannon Wright – ‘Providence’
Album / Vicious Circle / 20.09.2019
Romantisme noir
Providence, le nouvel album de Shannon Wright, réussit l’exploit de s’inscrire dans une indéniable continuité musicale, tout en proposant une approche sonore très différente. En effet, l’américaine a choisi d’enregistrer seule au piano, et si le concept évoque immanquablement l’expérience menée il y a presque quinze ans avec Yann Tiersen, elle affirme avec autorité sa forte identité dès les premières notes.
Comme tout ce que porte Shannon Wright, Providence reste infiniment poétique, marqué par sa voix fragile, parfois souffreteuse, à la limite de l’éraillement, portant des histoires intimes, sombres et sans fard, avec une émotion troublante et charnelle. Le dépouillement de l’album permet à la voix de prendre une ampleur nouvelle, elle qui par le passé était souvent dévolue à l’épaisseur et à la rage des guitares. Son timbre et son phrasé traînant (parfois samplés, comme sur These Present Arms) entretiennent le sombre romantisme qu’on lui connaît, même si quelques titres tombent parfois dans l’ennui (Somedays), revers du format monolithique piano-voix.
La songwriter contourne alors cet écueil par un choix audacieux et subtil, en faisant se succéder Providence, titre instrumental (un des plus longs de l’album) marqué par Erik Satie dégénérant Steve Reich, puis Wish You Well, surement le plus influencé par l’expérience Tiersen et sur lequel le chant revient pudiquement, dont les accords sublimes tombent en boucles saccadées et cristallines. Enfin, l’album se referme sur Disguises qui , s’il n’est pas le titre le plus marquant, se laisse habiter progressivement par des nappes synthétiques envoûtantes parachevant cette expérience toute de subtilité et d’enchantement.
A ECOUTER EN PRIORITE
Fragments, These Present Arms, Wish You Well
No Comments