shame – ‘Drunk Tank Pink’

shame – ‘Drunk Tank Pink’

Album / Dead Oceans / 15.01.2021
Post punk

Heureuse nouvelle que le retour des anglais de shame ! Il y a quasiment trois ans jour pour jour sortait Songs Of Praise, un premier album de haute volée, bourré de tubes, au charisme et à l’énergie indiscutable. Ce jour là, la bande de Brixton venait ni plus ni moins de sortir l’un des meilleurs disques britanniques de ces dernières années, nous mettant au passage une bonne tape à la joue. On en redemandait donc, et l’attente d’une suite était interminable. Mais elle est enfin là, pour le moins surprenante et méconnaissable.

A l’instar des irlandais de Fontaines DC, la bande de Charlie Steen a décidé de ne pas succomber à la facilité et de ne pas réitérer la recette de son premier succès. Moins accessible et instantané, plus abrasif et aventureux que son prédécesseur, Drunk Tank Pink est l’un de ces disques complexes qui regorge d’intensité et de nuances, ceux là même qu’on continuera de décortiquer dans les mois à venir. Enregistré dans les studios parisiens de La Frette avec l’aide de James Ford (Arctic Monkeys, Foals), ce nouvel album met en exergue le parfois dur retour à la réalité du simple quotidien pour ces jeunes anglais dont les premières années de leur vie d’adulte ont été passées sur les routes. De l’introspection nait parfois la sérénité, parfois la folie. Exit les refrains mélodiques évidents, shame explore ici de nouveaux territoires plus sombres et inespérés sans pour autant que le groupe perde en cours de route la hargne et la rage au ventre qu’on lui connaît. Là où chacune des compositions du premier album marchait comme une mécanique bien huilée, celui-ci file sans cesse à toute allure, telle une voiture incendiée que l’on ne saurait arrêter et qui se dézinguerait mètre après mètre.

Le ton est donné d’entrée avec l’incandescent et entrainant Alphabet. Le son est rêche, la température monte, et la tempête semble se préparer. Puis c’est au tour du groovy Nigel Hitter, rencontre parfaite entre Gang Of Four et les Talking Heads, nouvelles influences parmi tant d’autres sur cet album. Ici les rythmes sont souvent saccadés, les guitares incisives, et l’envie d’en découdre toujours présente. Du puissant refrain de Born In Luton aux énergiques Great Dog et 6/1, en passant par le single évident qu’est Water In The Well, l’auditeur ne semble jamais ménagé. Et pourtant. Les deux sommets du disque demeurent les deux pistes les plus surprenantes du groupe à ce jour. D’une maturité dingue, Charlie Steen prend une tout autre dimension sur le sublime Human For A Minute et ses airs très David Bowie période berlinoise, alors que la conclusion Station Wagon et sa sublime montée finale laisse planer les nombreuses possibilités que pourrait nous offrir à l’avenir la bande originaire du sud de Londres.

‘Je ne suis que la moitié de l’homme que je devrais être’ chante Steen sur Human For A Minute, c’est dire le chemin qui leur reste à parcourir.  A l’inverse d’un groupe comme Idles qui continue inlassablement d’enfoncer un clou déjà bien planté, shame a décidé d’aller puiser dans de nouvelles influences pour mieux nourrir de corps et d’esprit son post punk rageux, et nous offre en conséquence le premier vrai décrassage de 2021. Une très belle promesse pour, on l’espère, un retour sur scène très bientôt.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Nigel Hitter, Water In The Well, Snow Day, Human For A Minute, 6/1, Station Wagon


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