Serpent – ‘Dysfunktion EP’

EP / Finalistes / 13.05.2022
Post funk punk

Lescop, on s’en souvient, paraissait en solo refuser le combat tant sa cold-wave était stéréotypée et convenue. En meute, le bonhomme semble ragaillardi et désormais prêt à en découdre, reprendre l’Alsace et la Lorraine aux allemands. Le voir ainsi faire mentir avec intelligence l’adage ‘Mieux vaut seul que mal accompagné’ fait plaisir à voir et, surtout, à entendre.

Avec un tel nom de groupe, il aurait été facile de faire dans l’analogie reptilienne, le venin craché et les couleuvres avalées. Les mots qui viendront à l’esprit pour parler de Dysfunktion, le nouvel EP de Serpent, relèveront plutôt de la psychiatrie. La ligne de basse au groove sale et froid de Don’t Waste My Time ? Trouble obsessionnel compulsif. Les fantômes de PIL, The Rapture ou ESG qui viennent hanter Ice Age et Cold Sweat ? Personnalités multiples et schizophrénie. Les rires et autres cris habités sur le final de Dysfunktion ? Démence (on ne pourra s’empêcher de penser à Joaquin Phoenix dans The Joker). Le choix de titres tels Lonely Freak ou Zombies (That’s What We Look Like) ? Automutilation.

Il faudrait être fou, cependant, pour prescrire camisole, internement et lobotomie à Serpent, même si Dysfunktion sonne comme du Motown période funk produit par un Brian Eno sous acide. Avec courage, Mathieu Lescop et ses quatre compagnons d’infortune se mettent à nu et affichent ouvertement le mal insidieux qui les ronge. L’émotion est palpable, salvatrice. Cœur, corps et âme fonctionnent. Aucun transfert de force vers l’Arkham Asylum ne sera par conséquent demandé. L’enregistrement d’un album qui viendra confirmer les belles promesses de cet EP transgenre sera, en revanche, exigé.