02 Juil 24 Seppuku – ‘Times’
Album / Howlin Banana / 28.06.2024
Shoegaze pop
Ils sont cinq, jeunes, mystérieux et surdoués, et comptent déjà à leur actif une flopée de disques que les amateurs éclairés d’indie rock connaissent déjà sur le bout des doigts et des oreilles.
Seppuku, c’est en effet l’alliance des forces vives de la scène actuelle. Cinq copains d’enfance, déjà à débattre musique dans leur cour de récré à Marseille, entre le CP et la 6e. Il y a David Hoffmann, une sommité du rock marseillais, multi-instrumentiste, agitateur d’idées électriques, qu’on a déjà suivi dans pléthore de formations, dont Calvitie ou Club Meth. Lully Gaster, ex-Tomy & The Cougars, Nathan Roche Band et claviériste inventif chez Hoorsees. Deux cracks issus de Departure Kids : Valentin Bossion et Matthieu Angely et Maxime Maurel, producteur émérite travaillant en live ou en studio avec Apollo Noir, Tryphème ou Hoorsees (encore).
Il faut mentionner la présence essentielle de Marc Portheau, producteur de Bryan’s Magic Tears, vu derrière les consoles du Villejuif Underground et de Marietta, qui a posé ses mains expertes sur cet excitant Times. Un premier album dont l’enregistrement se sera étalé sur trois ans, entre un domaine oléicole isolé dans les Alpilles, une maison hantée dans la Drôme et une dernière ligne droite au prestigieux Studio Noir à Paris.
Trois ans pour accoucher d’une fulgurance. 8 titres et 28 minutes qui se revendiquent sans ambiguïté de l’héritage shoegaze (étiquette éculée aujourd’hui) qui a connu ses heures de gloire un peu avant les années 90. Le quintet applique méticuleusement une formule qui a fait ses preuves : regards baissés vers leurs pompes, mur de son, guitares saturées et voix noyées dans la reverb, tous les codes de la génération Slowdive sont ici. Pourtant, avec une moyenne d’âge d’environ trente ans, les membres de Seppuku n’étaient donc pas nés quand déferlaient Giant Steps des Boo Radleys, Going Blank Again de Ride ou Mad Love de Lush.
On pense aussi dès les premières notes de Baked Ziti aux illustres My Bloody Valentine et leur chef d’œuvre Loveless dont la créativité sonore inspire encore les jeunes musiciens d’aujourd’hui, et c’est tant mieux. Mais ne soyons pas réducteur, Times ne fait pas que dans le revival et sait aussi nous capter avec de subtiles mélodies comme sur Steven, ou nous surprendre à coups de nappes de synthés 80’s sur le lancinant Liar. Lost My Smile, premier single, nous emmène en revanche vers des sonorités plus pop avec une rythmique cette fois plus en avant et un refrain bodybuildé qui défilera sans complexe cet été sur les plages de sable fin.
Seppuku dévoile, sur ce premier long format, un mur de son organique et innovant, une production faramineuse (l’estomaquant Belinda), des mélodies déviantes et palpitantes (Instable). Un son unique, à la fois nostalgique d’une époque qu’ils n’ont pas connue et avant-gardiste, naviguant entre douceur pop et décollage de boeing. Malgré un disque ultra-référencé qui tend le sabre pour se faire hara-kiri, Times exprime surtout le courage d’affronter ses modèles sans complexe et avec panache. Car dans la tradition japonaise le véritable cœur du guerrier, ce sont ses tripes et Seppuku, le combo de shoegaze pop marseillais, n’en manque assurément pas.
A ECOUTER EN PRIORITE
Baked Ziti, Steven, Lost My Smile, Belinda
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