Self Defense Family – ‘Try Me’

Self Defense Family – ‘Try Me’

Album / Deathwish / 29.11.2013
Post punk

Quand il n’est pas affairé sur ses planches à dessin pour la création de comics, le charismatique Patrick Kindlon libère sa voix braillarde et écorchée au sein de Drug Church et de Self Defense Family, groupes fermement orientés vers une esthétique post-punk. D’abord plus connu depuis 2003 sous le nom de End Of A Year, à l’orientation musicale plus émo et comptant plusieurs sorties discographiques au compteur, la particularité de Self Defense Family tient du mouvement incessant de son line up, décidé au gré des emplois du temps des musiciens, de sa géométrie variable, et des choix de son leader, rendant ainsi chaque tentative artistique unique en son approche.

Avec ‘Try Me’, le revendicatif songwriter et sa bande posent des titres sans concession, aux reliefs très différents mais fermement ancrés entre l’univers brut et répétitif d’un Lungfish et celui plus hypnotique de Shipping News. Une recette qui fait mouche sur tous les morceaux de l’album où Patrick Kindlon libère avec force et maitrise mélodique des textes mi-chantés, mi-scandés, soutenus par de brillantes orchestrations de guitares faisant la part belle aux saturations pures et aériennes, aux ambiances éthérées, et aux rythmes mid-tempo. En témoignent ‘Tithe Pig’, ‘Nail House Music’, ‘Aletta’, ou les remarquables ‘Turn The Fan On’ et ‘Apports Birds’ appuyés par de somptueux riffs et une voix féminine venant adoucir avec justesse et discrétion des titres hypnotiques. Mais le collectif sait aussi se faire plus radical, sans jamais quitter ni sa base répétitive ni sa force mélodique, comme lorsqu’il parvient à libérer une énergie dévastatrice sur ‘Fear Of Poverty In Old Age’ ou le plus engagé ‘Weird Fingering’ au chant plus protestataire.

A la fois compact et envoutant, ‘Try Me’ dévoile un univers où chaque membre du groupe prend une place importante, et libère avec maitrise un savoir faire indéniable tout au service d’un chant urgent à la plume ravageuse. Seuls bémols, les quarante minutes cumulées par ‘Angelique One’ et ‘Angelique Two’: deux longues plages de narrations tirées d’interviews avec l’ancienne porn-star Jeanna Fine qui, malgré un propos intéressant, trouvent difficilement leur place dans cet environnement fort. Peut être ce qui coûtera à cet album de devenir rapidement à nos oreilles un joyau du post punk moderne.

‘Tithe Pig’, ‘Turn The Fan Of’, ‘Apport Birds’


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