Sébastien Tellier – « Sexuality »

Sébastien Tellier – « Sexuality »

Sexuality[Album]
25/02/2008
(Record Makers/Discograph)

Depuis qu’il a rejoint le label Record Makers, fondé par les deux Versaillais de Air, et cela dés ses débuts, Sébastien Tellier se voit affilié à une certaine élite musicale française, non seulement pour ces rapprochements artistiques, mais aussi pour ses oeuvres souvent originales et décalées, libres et marginales. Un statut auquel on avait peine à adhérer en 2001, quand il fallait avoir un moral d’acier pour outrepasser la déprime ambiante et la noirceur de « L’Incroyable Vérité », son premier album mixé par Quentin Dupieux (aka MrOizo). En 2004, on y voyait un peu plus clair, Tellier ouvrait ses volets, et ce soi-disant talent trouvait alors quelques infimes justifications avec un « Politics » plus coloré, armé de son imparable « Ritournelle », et poussé vers l’extérieur par la batterie de Tony Allen. Depuis, des sessions au piano, quelques bandes originales de film (« Narco », « Steak »…), puis la préparation d’un retour sous le feu des médias prévisible en raison de la présence, aux manettes, de Guy-Manuel de Homen-Christo, moitié du (ré)actualisé Daft Punk

Avec « Sexuality », on retrouve du condensé de Tellier, une invitation à la fusion charnelle adolescente provoquée jadis par la pop FM des premiers p’tits clous, celle qu’on renie encore au plus haut point, et aujourd’hui par une RnB souvent insipide, vouée au même sort. « Roche », qui ouvre ce nouvel album, s’inscrit dans cette lignée, est signé Tellier comme il aurait pu l’être par Guy Marchand il y a vingt ans. A choisir, le couteau sous la gorge, on préfèrera l’anglophone et plus grossier « Kilometer » que l’auteur rapproche volontiers de Timberlake (sic). On laissera alors le lecteur juger d’un égo démesuré ou d’une légère provocation. La suite ne sera qu’une enfilade de nouveaux hymnes taillés pour la multitude de gentils beaufs (« Manty »), charmeurs et boutonneux (« Elle » rappelant soudainement David et Jonathan), parfois puceaux, aux cerveaux taillés en forme de bouteille de vodka, collant coûte que coûte à ce qu’on leur conseille d’aimer parce que la patte Daft y est assurément (« Divine », « Fingers Of Steel », « Sexual Sportswear » dont le remix de SebastiAn, sur la version maxi, est à préférer). Avec un peu de chance, ceux-là sauteront sur l’occasion offerte par les gémissements de « Pomme », noyés dans ces nappes de synthés pourtant aussi indigestes que rebutantes, pour devenir des hommes

Il n’en fallait pas plus pour que Tellier mette le pied dedans, et pour qu’on se rende compte que cette variété française des années 80, qu’on tente plus que jamais d’oublier, n’avait finalement pas encore tout dit. Trop jeune à l’époque, le parisien aurait été star. En 2008, il ne fait qu’offrir un amas nauséabond de superficialité, compilant les fantasmes de l’adolescent lambda chez qui il ne trouvera aucun risque trop pesant de comparaison. « Sexuality » n’est finalement que la bande son idéale pour les nuits de ces chères quadragénaires mal dans leur peau, ou de ces mâles maladroits tout juste sortis des cours de drague du soir. Affligeant

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