Scowl – ‘Are We All Angels’

Scowl – ‘Are We All Angels’

Album / Dead Oceans / 04.04.2025
Popcore

Elevé au rang de révélation hardcore il y a quatre ans, à la sortie de son premier album How Flowers Grow, Scowl, voyant poindre au loin le danger de la répétition, n’a pas perdu de temps pour se remettre en question et ouvrir sa musique à des horizons nouveaux, là elle pourrait sans nul doute toucher un public plus large, titiller la curiosité de certains médias influents, et trouver refuge au sein d’un label internationalement reconnu. Désormais chez Dead Oceans dont il est le seul représentant ‘hardcore’, le groupe ne cache plus ses ambitions décuplées alors que son nouveau disque, Are We All Angels, déboule flanqué d’un sérieux changement de cap, déjà décelable en 2023 sur l’Ep Psychic Dance Routine.

Exit le hardcore pur et dur, place maintenant à un rock plus mainstream qui abat la carte de la diversité sans pour autant briser la cohérence indispensable au format album. Avec aux manettes un certain Will Yip, déjà à l’oeuvre sur le Time & Space de Turnstile, Scowl prend ainsi la brèche ouverte par la bande de Brendan Yates pour considérablement lisser son rock, s’en aller démocratiser le genre, et passer du petit rassemblement de gros bras aux festivals les plus reconnus de la planète. Et parce qu’on n’a rien sans rien, tout cela n’aurait pas pu s’envisager grâce aux seuls effets de production. Non, il a fallu que le groupe californien passe par une sérieuse refonte de son registre, en comptant notamment sur les nouvelles dispositions de sa chanteuse Kat Moss. Etonnamment polyvalente tout au long de ce Are We All Angels, celle qu’on entendait vociférer d’un bout à l’autre de How Flowers Grow met désormais les formes (Fantasy). Elle chante, susurre, hurle suivant les thèmes généralement sombres et les émotions qu’elle partage délibérément avec ceux qui veulent bien l’écouter, renforcée dans son rôle par des arrangements offrant dorénavant groove, relief et respirations nécessaires à la bonne digestion du disque.

Méconnaissable pour qui aurait sauté l’étape du précédent Ep, et comme décomplexé après que Turnstile ait contribué à rendre ses rêves potentiellement réalisables (même s’il n’était pas indispensable de lui piquer le break de fin de Fantasy…), Scowl use ici de mélodies accrocheuses pour varier les plaisirs, virer vers le grunge, le pop punk des années 90 (Not Hell Not Heaven, Let You Down), et signer des refrains d’une efficacité certes redoutable (Special, B.A.B.E.) mais qui ne mettent à aucun moment leurs auteurs sur la voie d’une quelconque originalité, comme en atteste la majorité des morceaux de la face B. Pas plus novateur aujourd’hui qu’il ne l’était lorsqu’il sonnait plus radical en 2021, le quintet de Santa Cruz signe un deuxième album inégal qui l’a comme poussé dans son propre piège. A trop vouloir plaire à tout le monde, au mieux on s’y perd soi-même, au pire on finit par ne plaire à personne.

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A ECOUTER EN PRIORITE
Special, B.A.B.E., Fantasy

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