Schoolboy Q – ‘Crash Talk’

Schoolboy Q – ‘Crash Talk’

Album / Top Dawg – Interscope / 26.04.2019
Hip hop

I’m like famous, but not crazy famous‘. Cette petite phrase lancée au détour d’une interview donnée pour la sortie de Crash Talk résume à merveille l’éternel statut d’outsider auquel semble assigné Schoolboy Q depuis ses débuts. Malgré les nombreux tubes qui parsèment ses albums, le rappeur californien n’a jamais vraiment décollé vers les plus hautes sphères de la célébrité, en partie à cause des sombres nuages qui trottent depuis toujours au dessus de sa tête.

Si Habits & Contradictions et Oxymoron étaient marqués par l’addiction (il concède d’ailleurs n’avoir aucun souvenir des session studios de ce dernier), Blank Face incarnait, lui, une forme de renaissance sur le plan personnel, tout en conservant en ligne de mire un horizon toujours aussi crépusculaire, teinté cette fois d’une ambition nouvelle faisant date dans sa carrière. Depuis ce glorieux chapitre, Quincy Matthew Hanley a longtemps lutté pour donner corps et vie à Crash Talk, mettant à la poubelle l’équivalent de trois albums entiers tout en repoussant sa sortie dans la dernière ligne droite suite au décès d’amis proches, Nipsey Hussle et Mac Miller.

Fraîchement débarqué il y a quelques semaines, ce cinquième album surprend d’abord par sa brièveté. 40 minutes de concision et de fulgurances qui, tout au long de ces 14 morceaux, suivent le fil de sa voix railleuse et incarnée. Surtout, ce sont 40 minutes qui se caractérisent par une atmosphère oppressante, où les rares percées de soleil propagent une blancheur anémique (Tales, Drunk, Dangerous) figeant certaines productions dans une stase où tout semble de plomb. L’autre versant se complet dans une concentration de thèmes privilégiés depuis toujours : des gangs (le terrassant Gang Gang qui ouvre l’album) aux substances (Floating évoque tous les fantômes qui bondissent des boîtes d’anti-douleurs sur l’échine d’un piano sinistre), en passant par les armes qu’on arbore avec fierté (Die Wit Em). Plombant et anxiogène, cette facette de Schoolboy Q se perfectionne à chaque album, et gagne ici en efficacité ce qu’elle perd en effet de surprise.

Porté par un entêtant bourdon et une basse sombre, la superbe conclusion Attention replace le rappeur à son rang d’outsider, avec un texte mêlant la satisfaction d’être considéré par toutes ses influences, la frustration de ne pas avoir reçu davantage, et l’envie finale d’aller chercher ce qui lui manque. Un discours contradictoire pour un disque composé dos au succès, qui affine toujours davantage l’écriture d’un rappeur ne soupçonnant pas assez sa profonde singularité.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Gang Gang, Numb Numb Juice, Drunk, 5200, Floating, Die Wit Em, Water, Attention


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