San Carol – ‘mala vida’

San Carol – ‘mala vida’

Album / Mims Recs / 20.09.2024
Shoegaze Dream Pop

Quel est le principal point commun entre les sorties de Big Wool, Sandwich et San Carol, qui ont toutes trois vu le jour cette année ? Si l’une des bonnes réponses pourrait être cette terre sainte du rock français qu’est Angers, on chauffera davantage en avançant le nom de Maxime Dobosz, hyperactif du cru qui multiplie les projets musicaux depuis une bonne dizaine d’années. Sous le nom de San Carol, le chanteur multi-instrumentiste a commencé son aventure solo en 2013 et a fait varier le line-up qui l’entoure et les styles abordés à chaque album. Après un début 100% électronique (La Main Invisible) suivi de deux belles démonstrations de son goût et de sa maîtrise de l’alliance machines-guitares dans un contexte indie pop/kraut/dream pop, l’Angevin arrive aujourd’hui à son quatrième opus qui le voit rendre hommage à l’un de ses genres de prédilection dans les règles de l’art : le Shoegaze de l’âge d’or, avec un grand S.

Quatre, c’est aussi le nombre d’années qu’il a fallu pour faire aboutir ce projet dont l’enregistrement a eu lieu entre 2020 et 2021 au studio La Cuve. Hanté par les doutes et le spectre du recommencement éternel, traversant une période de sa vie particulièrement difficile, Maxime a fini par sortir son ‘anthologie du shoegaze pour les nuls’, d’après ses propres termes. Si le communiqué de presse trace un parallèle entre des sonorités donnant l’impression d’avoir ‘la tête enfoncée sous l’eau, en pleine suffocation’ et la solitude et la dépression, ces neuf titres transmettent paradoxalement moins les angoisses de leur auteur qu’une forme de sérénité détachée qui, bien que profondément mélancolique, n’est jamais complètement froide ou démunie.

Fruit d’un soin spécifique apporté à la longue étape de mixage de l’album, le son global, tantôt brut et écrasant, tantôt fluide et ouvert, donne du souffle à des compositions déjà particulièrement bien travaillées qu’on a envie d’écouter fort, très fort, et ce à plus forte raison qu’elles ont été faites dans une sauce My Cocteau Dive qui a parfaitement bien pris. Il y a du lourd qui ne laisse pas indifférent, avec notamment les envolées sonores du rouleau compresseur qu’est nothing fills up the hole, et de modern times avec le soutien des cordes vocales de Baptiste Pelletier de Fragile. Il y a des percées mélodiques auréolées de reverb qui restent en tête, comme la ligne de chant de cool out, et il y a aussi les morceaux acoustiques ou presque, typiques du style, qui lorgnent vers une pop légèrement moins abrasive, comme unsustainable et l’air éthéré de waterfall qui clôture le tout. Certes, mala vida ne redéfinira pas les lignes du genre à chaussures et pédales d’effets. Mais il ne fait aucun doute que sa conception a bougé celles plus intimes de son auteur, qui est brillamment parvenu à conjuguer exercice de style et achèvement personnel et artistique.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
cool out, modern times, goldenwings


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