03 Avr 23 Samiam – ‘Stowaway’
Album / Pure Noise / 31.03.2023
Punk rock
Avec pas moins de six albums et quelques splits sortis entre 1990 et 2000, Samiam aura profondément marqué les esprits avec son punk-rock sachant intelligemment tendre vers l’emo, l’indie rock et la power pop, le tout avec un son unique porté par la voix de Jason Beebout, et des lignes de guitares complémentaires mixant riffs efficaces et mélodies aigre-douces façon Dinosaur Jr. Ou quand le meilleur de l’énergie punk rencontrait une imparable émotion pop. Pourtant, après l’excellent Astray (2000), la créativité du quintet s’est enrayée, donnant seulement lieu à deux albums – Whatever’s Got You Down en 2006, puis Trips en 2011 – trop lisses pour véritablement s’ancrer dans les mémoires.
Douze ans plus tard, tel un petit miracle, Samiam réapparaît donc avec Stowaway, un nouvel album forcément bordé d’appréhensions, confirmées dès l’entame Lake Speed sur lequel les fameuses marques de fabrique des américains manquent à l’appel : le chant de Beebout se retrouve noyé dans des chœurs omniprésents, quand les guitares distribuent des riffs mélodiques standards, et que la batterie se cantonne à un rythme linéaire.
Il faut donc réellement attendre le refrain de Lights Out Little Huster pour retrouver le grain de voix si apprécié du chanteur de la Bay Area, comme les sonorités acidulées et addictives de Sergie Loobkof et Sean Kennerly. Toujours dans cette veine que l’on chérit, des titres comme Shoulda Stayed, Monterey Canyon et Stowaway parviennent à littéralement nous emplir de frissons, tandis que Scout Knife, Natural Disasters ou Stanley flanchent par leur approche trop classique du punk rock californien. En bon arbitre impartial, Highwire se glisse dans la meute en adressant de francs clins d’oeil aux Foo Fighters, tout en soulignant l’imparable talent de composition de la paire de guitaristes, en grande partie responsable des plus beaux morceaux de la discographie Samiam.
Trop loin des albums mémorables signés au siècle dernier par ses géniteurs, mais largement devant les deux derniers qui laissaient penser que la fin était proche, Stowaway – un tantinet plombé par une production trop propre, et le timbre de voix de Beebout, inégal au point d’en devenir parfois méconnaissable – rejoint le ventre mou de l’oeuvre de Samiam. Huit ans de gestation, de multiples sessions d’enregistrement successives auront certainement eu raison de la spontanéité du groupe, dont l’envie d’en découdre semble avoir mis de côté les quelques élans émo mélancoliques qui finissaient généralement par sublimer son registre. Reste que nos vieux amis sont de retour, chargés d’espoir et de promesses, et qu’il n’en fallait pas plus pour nous redonner le sourire.
A ECOUTER EN PRIORITE
Monterey Canyon, Highwire, Lights Out Little Huster, Shoulda Stayed, Stowaway
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