
05 Juin 23 RVG – ‘Brain Worms’
Album / Fire / 02.06.2023
Indie rock
Depuis ses débuts en 2017, RVG impressionne par sa soif de vivre, sa capacité à transmettre les émotions. En effet, après une expérience dans le grunge hurlant, Romy Vager a fondé un groupe à ses propres initiales et l’a façonné à son image, aussi classe que libre. Quality of Mercy, un premier album franc et direct arrive vite, enregistré live dans un pub de Melbourne, réédité ensuite chez Fat Possum. Feral, lui, est mis en boite en 2020, flambant de passion, rayonnant de motifs Paisley tissés avec talent. Alors quand le groupe annonce la sortie de son troisième effort Brain Worms chez Fire Records, il n’est toujours pas trop tard pour faire sa connaissance. C’est même le moment idéal pour ceux qui rechercheraient une certaine authenticité, lassés des productions épaisses prenant le dessus sur le caractère humain de l’artiste. Parce qu’ici, on s’exprime à cœur ouvert.
L’album débute avec le mid-tempo Common Ground et on revient à la vie sentimentale de Romy Vager. Malgré tous les efforts pour trouver un terrain d’entente, elle abandonne. Et cela ne sonne pas comme un coup d’arrêt, plutôt comme une libération, car le morceau évolue alors positivement avec l’intervention de synthés lumineux. Midnight Sun continue sur le même thème, mais sur un ton offensif et un refrain accrocheur contrastant avec les propos. ‘But I’m still burning bright / Hanging here like a lantern / In case you change your mind’, masochistes ou admirables de résilience selon les points de vue, en tout cas les mots sont forts et lui appartiennent. Le tempo s’envole avec un Brain Worms que n’aurait pas renié le Gun Club pour ralentir immédiatement après avec You’re the Reason et son spleen nappé de synthés datés. Si le groupe a souvent été comparé à ses compatriotes de The Go-Betweens, il s’enfonce ici dans des 80’s où l’on ne s’aventure guère plus, quelque part entre The Psychedelic Furs et Echo & the Bunnymen. Ainsi personne ne pourra pas accuser RVG de profiter d’un quelconque retour à la mode.
Quand Squid débute, on est vite saisi par la tension qui entoure ce morceau vite étouffant. ‘Don’t go back in Time / It’s not Worth It’ chante Romy Vager de sa voix androgine. Elle est née homme et a un passé à oublier. C’est un thème récurrent chez RVG, qui explique aussi l’urgence à vivre, à écrire une nouvelle histoire, et en même temps, une identité à consolider et protéger des doutes, comme le laisse entendre ce morceau. Le fragile Nothing Really Change et son ‘I Don’t wanna Fight’ répété à l’infini pourrait aussi être interprété comme un autre signal négatif dans une vie sentimentale faite de batailles et de négociations. Tout serait plus simple si on filait le grand amour du collège jusqu’à la fin des jours, mais ces vies sans accroc n’ont jamais fait un bon morceau de musique. Alors que l’existence tourmentée de Romy Vager, oui. Pourtant, aucun moment de Brain Worms ne prend de tournure plaintive ni vraiment agressive, elle y révèle un caractère capable d’encaisser les désillusions et prompt à s’en relever, se protégeant derrière des pointes d’humour et d’autodérision. Et le groupe, puisque RVG est un quatuor, fait corps avec sa fondatrice, électrifie son écriture brillante et lui offre un magnifique amplificateur d’émotions, un tremplin essentiel tant il paraît vital.
A ECOUTER EN PRIORITE
Midnight Sun, Brain Worms, Squid
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