Russian Circles – ‘Gnosis’

Russian Circles – ‘Gnosis’

Album / Sargent House / 19.08.2022
Post métal

Depuis ses débuts en 2004, Russian Circles a progressivement gagné ses galons de pilier de la scène post-rock, à coup d’albums tous aussi addictifs les uns que les autres. Rien de complètement surprenant si l’on se penche un tant soit peu sur ces musiciens, tous issus d’excellentes formations post-hardcore, math-rock ou hardcore/metal : Botch, These Arms are Snakes et Sumac pour Brian Cook, Dakota Dakota pour Mike Sullivan, et Riddle of Steel (période Python) pour Dave Turncrantz.

Inspiré par plusieurs maîtres de la quatre-cordes saturée – en particulier Rob Wright (Nomeansno), Mike Watt (Minutemen, Stooges) et Joe Preston (Melvins, Earth) – et lui-même monstre incontesté dans le domaine, Cook assène ses gros riffs en mode lead dans le but de densifier encore un peu plus le son du trio, tout en sachant aussi rester en retrait par moments. Le jeu de Sullivan, influencé par un large éventail de styles musicaux, consiste généralement à superposer de multiples boucles de guitare imparables, le tout couplé à une quête quasi-obsessionnelle de textures à propos. Enfin, impossible de rester indifférent au jeu de batterie de Turncrantz, à la fois très créatif et propre, celui-ci ayant l’art de nous prendre régulièrement à contre-pied. Là encore, les références citées par l’intéressé parlent d’elles-mêmes : John Stanier (Helmet, Tomahawk, Battles), Mike Bordin (Faith No More) ou encore Will Goldsmith (Sunny Day Real Estate, Foo Fighters) … Et le tout étant plus grand que la somme des parties, c’est probablement la contribution à la fois unique et complémentaire – au niveau tonalités – de chacun des trois musiciens qui a permis de forger l’identité sonore singulière de Russian Circles, ces derniers évitant par ailleurs de verser dans des démonstrations inutiles.

S’inscrivant dans cette lignée, Gnosis a pris naissance en pleine période de pandémie et a été mis en boîte par Kurt Ballou (guitariste de Converge et patron du studio GodCity). Celui-ci ayant déjà officié sur Blood Year (2019), la qualité d’enregistrement est une nouvelle fois remarquable, et compte tenu du niveau des prestations live du groupe, il y a fort à parier que le rendu sur scène fera honneur aux morceaux. Les Américains semblent avoir décidé d’orienter ceux-ci vers encore plus d’efficacité et de noirceur : en particulier sur Conduit, Vlastimil et Betrayal où riffs death metal, mais aussi trémolos rapides, accordages bas, mélodies obscures et même blasts sont de rigueur. Ainsi, de manière plus nette que pour Memorial (2013) et Blood Year, l’influence de formations black metal telles que Gorgoroth ou Craft est plus que jamais présente et fait que ce nouvel opus est probablement le plus dense que le combo ait sorti à ce jour. Ça et là, une éclaircie post-rock (Gnosis) et une interlude typée guitare classique (Ó Braonáin) percent cette atmosphère plutôt ténébreuse. Pour autant, Bloom, à l’ambiance cinématographique et au final intense, conclut magnifiquement cet album sur une note lumineuse et porteuse d’espoir. Aussi, dans un monde pour le moins incertain et tourmenté, Gnosis apparaît comme cathartique, essentiel même…    

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Bloom, Conduit, Vlastimil, Betrayal

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