Rone – ‘Rone & Friends’

Album / Infine / 26.03.2021
Electro visitée

En mars 2021, Rone se produit avec le collectif (La) Horde sur la scène du Théâtre du Châtelet pour son spectacle Room With a View dans lequel il explore une nouvelle forme de collaboration en s’improvisant chef d’orchestre d’une troupe d’une vingtaine de danseurs. La BO du ballet qui traite d’urgence climatique sort en avril 2020. Sans le savoir, Rone avait déjà choisi d’intégrer à son album des matières organiques pour l’imprégner de présence humaine, telles que les sons des pas ou la respiration et la voix des danseurs.

Amputé de son ballet apocalyptique suite au premier confinement, cette période d’isolement forcée l’amène un an plus tard à confier ses morceaux à une douzaine d’artistes. Erwan Castex crée Rone & Friends avec des amis et artistes qu’il affectionne pour contrer la morosité et la solitude. Il n’était pas évident d’imaginer un jour voir réunis Odezenne, Jehnny Beth (Savages), Caspar Clausen (Efterklang) ou Dominique A sur un même album, mais Rone reprend son rôle de chef d’orchestre fédérateur pour un disque de collaborations vocales au casting surprenant.

Le trio bordelais Odezenne ouvre l’album en s’attaquant sans ambages au titre Room With a View, rebaptisé Sot-l’y-laisse avant de laisser la chanteuse pop anglaise Georgia reprendre Gingko Balboa, morceau pop au beats festifs; annonçant dès les deux premiers morceaux une succession d’atmosphères très différentes. Rone est le dénominateur commun et fait la passerelle entre les différentes voix. Pourtant très éclectique, chaque morceau réussit brillamment à passer d’un univers à l’autre. La pop psychée de Flavien Berger se confond aussi bien avec les chansons à texte de Dominique A ou Yael Naim, que le trip hop très 90’s apporté par Malibu sur le titre ambient Faro. La voix chaleureuse et familière de Roya Arab, connue notamment pour avoir collaboré avec Archive sur Londinium, clôture l’album après les errances poétiques de Camélia Jordana et Mélissa Laveaux.

Room With a View, composé initialement pour être narré par les corps, prend un nouvel envol en laissant la place des gestes et des chorégraphies aux voix aussi étonnantes qu’hétéroclites, toutes rassemblées et reliées par les instrumentations de Rone qui est, une nouvelle fois, le créateur d’un univers onirique singulier.