Ride – ‘This Is Not a Safe Place’

Album / Wichita / 16.08.2019
Indie shoegaze

En 2017, Ride annonçait officiellement son retour en même temps que paraissait Weather Diaries, album de la reformation qui pêchait par sa fadeur comme par son côté mainstream et commercial. Alors que le quatuor britannique ne semblait plus guère que l’ombre de lui-même, justifiant sa crédibilité sur la base de sa seule renommée et ce au risque de se fondre entièrement dans le cliché du ‘groupe-musée’, This Is Not a Safe Place tente malgré lui de venir contraster ce bilan mitigé.

Lui aussi produit par Erol Alkan, ce nouvel album se démarque de son prédécesseur par la volonté clairement affichée ici de renouer avec les sonorités propres à Ride. Sur Kill Switch par exemple, on retrouve avec enthousiasme la noirceur et la puissance caractéristique du shoegaze dans les guitares déployées. Ailleurs, les premiers accords de Jump Jet, habilement travaillés de son introduction à son refrain, surprennent agréablement jusqu’à ce qu’ils viennent se heurter à un chant que l’on aurait espéré moins pop, venant quelque peu saborder une instrumentation qui aurait pu donner naissance à un morceau beaucoup fidèle à l’âme du mouvement. Enfin, les montées en niveau de Fifteen Minutes ne seront pas sans évoquer les accords rageurs de My Bloody Valentine, même si le manque criant d’énergie, au niveau de la rythmique comme de celui des vocalises développées, ne suffit pas à convaincre.

Outre ces quelques clins d’oeil au passé que l’on imagine destinés à satisfaire un noyau d’éternels adorateurs, ce nouvel album prend quand même la liberté d’expérimenter assez originalement dans des genres situés à des années lumières de celui qui a rendu célèbre ses protagonistes. Repetition, par exemple, surprend agréablement en allant trouver son inspiration dans des influences très synthpop habilement sélectionnées. La ballade électro-acoustique Dial Up se révèle de la même manière suffisamment originale et élégante pour nous faire oublier la fadeur inhérente au reste des compositions de l’album. Ainsi, on ne s’attardera pas sur l’entame R.I.D.E, ni sur Future Love, Clouds of Saint Marie ou encore Eternal Reccurence, tant la platitude de ces titres ne peut promettre autre chose qu’un avenir marqué par le sceau de l’oubli.

Ainsi, même si ce This Is Not a Safe Place permet d’occulter transitoirement la débâcle de Weather Diaries par quelques expérimentations bienvenues, agrémentées de références explicites à son histoire, ce cru 2019 ne parvient pas à essuyer totalement la descente aux enfers engagée par son prédécesseur, au grand dam des aficionados du genre. Il vaudra donc mieux se tourner vers Slowdive pour retrouver un semblant d’honnêteté au milieu de l’actuel rebirth du shoegaze en attendant que Ride, un jour peut-être, se décide à offrir de manière unanime cette fois-ci de quoi satisfaire ses adulateurs de la première heure.