Ride – ‘Interplay’

Ride – ‘Interplay’

Album / Wichita / 29.03.2024
Rock

Il n’y a pas d’âge pour les braves. Ride – quatuor d’Oxford comprenant Andy Bell, Laurence Colbert, Mark Gardner et Steve Queralt – revient en 2024 avec un septième album, Interplay. Devons-nous rappeler les faits d’armes de ses quinquas ? Au virage des années 80 et 90, Ride est un des groupes considérés comme les pionniers du courant fugace, baptisé Shoegazing et caractérisé par l’usage des pédales d’effets à foison, que les musiciens d’apparence morne ne cessent de reluquer. La mélodie des morceaux, très souvent mélancoliques, se noie dans les sons de guitares saturés à souhait. Les groupes de l’époque (Slowdive, Lush, My Bloody Valentine, The Jesus and Mary Chain…), tous adeptes de ce style, semblent s’enfermer dans des introspections étourdissantes, des vrombissements nauséeux et des ondulations oniriques. De cette période, Ride accouche chronologiquement du fabuleux Nowhere considéré comme l’un des grands albums de cette mouvance, de Going Blank Again (certifié disque d’or en 2009) et avec lequel les membres du groupe sortent progressivement du shoegazing, puis de Carnival of Light aux sonorités un peu plus psychédéliques. Avec l’arrivée du grunge et la britpop, associé à des conflits d’ego et des erreurs de jeunesse, l’album posthume Tarantula marque la fin des heures glorieuses de la formation.

Après presque 20 ans d’absence et un sentiment d’inachevé, Ride s’est reformé en 2014, de quoi extasier les fans de la première heure et séduire leur progéniture biberonnée au streaming. Après Weather Diaries et This Is Not A Safe Place, c’est avec Interplay – ‘Interaction’ dans la langue de Molière – qu’ils reviennent. Une interaction, d’abord, entre nos quatre oxoniens portés par le plaisir de se retrouver pour jouer et composer ensemble en sortie de pandémie. Ensuite, ce titre attire notre attention sur les bienfaits d’échanger avec les autres, l’importance de l’altruisme, ce qui provoque une bonne dose de dopamine. De la drogue gratuite et bonne pour la santé ! C’est open bar les amis !

Peace Sign, morceau pop et festif d’ouverture, également premier single de l’album, devient très vite entêtant. Il en est de même pour Last Frontier et le princier Monaco dans lequel les sonorités de synthés et un brin électroniques mettront tout le monde d’accord sur le dancefloor. Laissez la Méditerranée derrière vous et suivez les Anglais sur la côte Atlantique avec l’onirique et enivrant Essaouira. Fermez les yeux et laissez-vous déambuler dans la médina. Nous retrouvons cette idée de voyage, et de rêverie avec la dream pop de Light In A Quiet Room. Sur ce morceau, Ride nous fait passer par toutes les émotions, que ce soit avec ses sonorités orientales, sa mélodie au piano ou encore avec son mur du son. I Came To See The Wreck, sombre, lancinant, et au titre apocalyptique nous rappelle dans une certaine mesure Depeche Mode. Le quatuor ne cherche pas que la superposition de couches sonores, à l’instar du dépouillé Stay Free. Yesterday Is Just A Song vient enfin clôturer l’album et nous consumer dans une nappe vaporeuse d’éther.

Interplay, l’album de la maturité pour Ride ? Si s’avancer ainsi pourrait paraître prétentieux, reste que les erreurs du passé – et ce qui a pu faire imploser le groupe dans les années 90 – sont mises de côté pour laisser les Britanniques aborder ce grand retour avec sérénité, respect et amour. C’est également avec sagesse que Ride assume ici certaines de ses influences musicales (U2, Talk Talk, Tears for Fears…). Naviguant entre mélancolie, nostalgie, calme et abîme, Interplay est un album qui prend vie chanson après chanson. Alors… Let’s go for a ride !

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Monaco, Peace Sign, Essaouira

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