03 Avr 21 Renée Reed – ‘Renée Reed’
Album / Keeled Scales / 26.03.2021
Folk
On ne sait pas si l’expression ‘Bon sang ne saurait mentir’ a cours en Louisiane, mais elle s’applique bel et bien à Renée Reed. Harry Trahan, son grand-père maternel, était un fameux accordéoniste alors que son grand oncle, Trevon Reed, fut un folkloriste reconnu. Toute son enfance, elle s’est imprégnée de la culture cajun, elle traînait backstage dans les festivals locaux, chaque réunion de famille se transformait en jam musicale. Mais à l’heure de sortir chez Keeled Scales un premier album qui porte son nom, Renée Reed verse dans le folk et non le zydéco. Folk, folklore, il s’agit en fait du même mot. Comme pop et populaire.
Sur une rythmique dynamique, on rentre dans un rêve éveillé, traversant les faisceaux de lumière qui percent les cyprès chauves, cet arbre emblématique du bayou. La ritournelle I Saw a Ghost valse à travers les chambres nues d’une vieille bâtisse coloniale, à la peinture écaillée, alors que Little Flower Dance invite à s’allonger dans l’herbe. D’autres morceaux comme Neboj, une ballade au seul son d’une guitare acoustique, appellent à lâcher prise, à faire confiance en ses sentiments dans ce monde trop cérébral. D’ailleurs, tout file ici dans une parfaite spontanéité, rejetant toute sophistication inutile. Mais de cette douceur éthérée émane un parfum de mystères, qui pourrait faire penser à Quiet Signs, le dernier disque de Jessica Pratt. Est-ce des effluves des eaux saumâtres qui viennent nous ensorceler ? Elle est là, la culture de ses ancêtres, flottant en arrière-plan. Des notes de piano se répètent, suspendues, comme sorties d’un vieux film d’épouvante, avec les marches de l’escalier qui craquent. Où est la fée ? est une lente poésie qui vient une nouvelle fois se poser à la limite du réel. Renée Reed a étudié le français à l’université de Lafayette, sûrement le parle-t-on aussi dans sa famille. Quand elle chante dans cette langue, son accent typique de l’outre Atlantique se prêterait plus au folklore qu’au folk. Voilà qui tombe bien, les violons et tout l’attirail sont de sortie pour Drunken Widow’s Waltz, un ultime morceau, en français donc.
La mort, l’amour, la vie que peut rêver une jeune femme en 2021, l’influence de terres mythiques, sont autant de composantes d’un premier album onirique, souvent à l’orée de plusieurs mondes dont la frontière serait floue. Renée Reed nous dévoile ainsi une personnalité bien particulière, non dénuée de charme, loin s’en faut.
A ECOUTER EN PRIORITE
Out Loud, I saw a Ghost, Où est la Fée ?
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