Ratatat – ‘Magnifique’

Ratatat – ‘Magnifique’

Album / Because – XL Recordings / 17.07.2015
Glaçon electro rock

L’été… Cette saison durant laquelle l’auditeur aborde généralement la musique avec beaucoup de légèreté, la consomme parfois sans même l’entendre. Quel meilleur moment pour Ratatat alors que le duo s’apprête à sortir son nouvel album, un cinquième qui se consumera certainement aussi rapidement que les précédents. Parce qu’il faut l’avouer: si sa musique est toujours accueillie avec enthousiasme et s’écoute avec plaisir sous le coup de la nouveauté, rares sont les occasions que l’on s’offre ensuite pour s’y replonger. ‘Magnifique’ a beau redoubler d’effort pour se distinguer de ses aînés, afficher des tubes plus nombreux qu’à l’accoutumée, son sort ne s’embarrasse pas de plus de doutes.

Embourbés dans une approche et un son qui leur sont propres, Evan Mast et Mike Stroud n’ont malheureusement pas mille possibilités pour changer la donne, et n’en ont peut-être pas l’envie non plus au regard de l’intérêt que ne cessent de leur porter les annonceurs et divers médias en quête d’habillages sonores, aujourd’hui tous plus rémunérateurs que la vente de leurs disques. Tout au long de ‘Magnifique’, Ratatat reste donc ce qu’il a toujours été: un producteur moyen et un Joe Satriani de l’electro (désolé Joe, on aurait pu tout autant prendre l’exemple de Manitas de Plata pour le côté festif) qui ne se lassent pas de marier rock et musique électronique à grands renforts de guitares, de boites à rythmes et de synthétiseurs.

Ces deux-là ont beau fusionner tout cela comme personne, leur formule est malheureusement devenue prévisible, et se vérifie une nouvelle fois ici. Comme si les cinq ans qui le séparent de ‘LP4’ n’avaient finalement jamais existé, ‘Magnifique’ reprend l’autoroute sans changer de cap. Premiers singles dévoilés car au-dessus du lot, ‘Cream On Chrome’ et ‘Abrasive’ ont beau se défendre vaillamment avec une mélodie aussi collante que du double face, ils ne surprennent pas. Même chose sur ‘Cold Fingers’, ou quand les productions du duo piétinent salement l’héritage laissé par Daft Punk (‘Nightclub Amnesia’).

Non, pour se laisser interpeller sans pour autant que nos postérieurs vérifient la notion de pesanteur, il faut s’en remettre à quelques riffs aussi éclairs qu’efficaces (‘Pricks Of Brightness’), des mélodies assumant plutôt bien l’absence de chant (‘Rome’ malgré son évolution pompeuse), ou lorsque Ratatat met ses guitares un peu en veilleuse au profit de l’arrangement global (‘Magnifique’ qui drague la musique classique sous son air downtempo). Alors, on peut effectivement sentir la fraîcheur de ce nouvel album moins expérimental que son prédécesseur, mais appelé lui aussi à fondre d’ici la rentrée.

‘Cream On Chrome’, ‘Magnifique’, ‘Abrasive’, ‘Rome’


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2 Commentaires
  • Boo
    Posté à 02:02h, 17 juillet Répondre

    A t-on écouté le même album ? Car derrière vos airs pompeux se cache une grande méconnaissance de la musique en générale.

    Doit-on signaler que le propre de ratatat, particulièrement dans les albums guitares, étaient d’utiliser des enregistrements inversés de guitare afin de leur donner un son “aspiré” unique et spécial ?

    les directions plus machinistes prises par la suite en ont fait l’envolée mondiale que l’on connait ; cet album revient à la base, en l’agrémentant de nouveautés TOUT A FAIT GAUFREES !

    Doit-on parler de ces deux morceaux de “steel guitar” où la pop-futur s’acoquine avec la vieille balade hawaienne ? Doit-on citer les sources plus profondes (Alvino Rey ou Buddy Emmons ?) que vos “Satriani” et “Manitas” comme de grands musiciens ? Techniquement, à la guitare, Ratatat sont l’opposé de Satriani : ce dernier recherche la virtuosité, eux recherchent la pure sonorité. Le riff simple et efficace.

    Doit-on réellement vous parler des effets rarissimes en DIY qui permettent ses mélanges (Nightclub Amnesia) entre un Whites Stripes et un Daft punk, chose plutôt unique pour un ratatat, et même en général ?

    Certes, la patte est la même (avez vous vu Pavarotti s’essayer à la trance ?), mais cet album est un coup de génie : il ne fera pas fuir les fans, revient aux sources, abandonne le “reverse sampling” pour y incorporer un des instruments les plus difficiles à maitriser (la steel guitare), s’approcher d’un downtempo contemplatif risqué et pourtant mélodieux, et je finirai sur ce côté Epique (Rome ?) qui donne à ses solos très simples une légitimité toute assumée.

    Non, véritablement, à moins de vouloir vous mousser à ne pas suivre la (logique) reconnaissance mondiale, nous n’avons pas écouté le même album.

  • François
    Posté à 21:10h, 04 août Répondre

    Je rejoins cette chronique. C’est tellement plat. On dirait des étudiants qui sèchent les cours pour s’amuser avec une boîte à rythmes et une guitare dans leur 15 mètres carré. Pas besoin de détails techniques ou de savantes références pour essayer de qualifier cette musique, si on ne ressent rien en l’écoutant, on ne va pas se forcer. Par contre, si le succès est mondial, il y a certainement une raison et elle me dépasse malheureusement…

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