Raoul Vignal – ‘Years in Marble’

Raoul Vignal – ‘Years in Marble’

Album / Talitres / 28.05.2021
Folk

Le fils prodige de la folk française est de retour avec un troisième album en filiation directe avec les précédents. Years In Marble est, comme ses ainés, porté par un fingerpicking exceptionnel et par une voix diaphane au service de chansons à la beauté renversante.

Tandis que Silver Veil recelait des trésors de mélancolie d’une intimité confondante, et qu’Oak Leaf lorgnait vers des contrées oniriques avec des compositions plus amples, son troisième rejeton présente quant à lui des arrangements d’une sophistication délicieuse enrobant ses titres d’une lueur aveuglante. Si l’ombre des figures tutélaires de Nick Drake et Elliott Smith rôde toujours sur Years In Marble, le lyonnais semble s’en émanciper progressivement en dévoilant un panel de sonorités et d’influences plus riche.

Déjà co-auteur ce mois-ci d’un excellent album avec L’Effondras dans un registre plus bruyant, Raoul Vignal semble avoir eu un confinement particulièrement productif. Ecrit entre Paris et Berlin en mars 2020, et enregistré en région lyonnaise en septembre de la même année, en équipe restreinte avec le batteur Lucien Chatin et l’ingé son Matteo Fabri, Years In Marble porte inévitablement quelques marques de cette période tumultueuse où le temps a semblé comme suspendu pendant plusieurs mois.

City Birds ouvre l’album avec un jeu de guitare savant que l’on retrouvera tout au long du disque, et des mélodies ondulantes accompagnées d’une batterie raffinée pour mieux nous narrer l’histoire de ces joueurs de cartes dont les cris résonnent dans les rues vides, avant que le deuil ne marque de son empreinte la ballade Century Man. L’atmosphère n’en reste pas moins légère tout au long de l’album, flottante presque, comme sur la bucolique Coastal Town émaillée de surprenantes influences orientales, ou encore sur la superbe Red Fresco.

La seconde partie de l’album vient ensuite briser la quiétude de ces arpèges ondoyants en apportant un changement de ton bienvenu avec des motifs suintant un psychédélisme de bon aloi (Silence). Les arrangements sinueux de A River Runs Wild charrient ainsi dans leur sillage des effluves sixties capiteux du meilleur effet qui se prolongeront sur la nostalgique To Bid the Dog Goodbye. Moonlit Visit vient enfin clore l’album avec une des chansons les plus pop et solaires de l’artiste, qui y délaisse ses peurs et sa pudeur pour mieux laisser entrer la lumière.

D’une maturité et d’une cohérence remarquable malgré quelques longueurs, Years In Marble irradie du talent insolent de son auteur et hisse définitivement Raoul Vignal au rang des meilleurs singer-songwriters actuels.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Red Fresco, City Birds, Coastal Town


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