
06 Juin 23 Rancid – ‘Tomorrow Never Comes’
Album / Epitaph / 02.06.2023
Punk rock
En 1993, les punks de Rancid publiaient leur premier album, et 30 ans plus tard, ils sont toujours là, tatoués de la tête aux pieds, avec un dixième effort intitulé Tomorrow Never Comes, comme si depuis leur naissance, seul le présent comptait. Avant même de rentrer dans le vif du sujet, ce disque a quelque chose qui rappelle leur quatrième, celui à la tête de mort où ils laissaient éclater une colère noire après que le précédent Life Won’t Wait ait été jugé trop aventureux par les critiques de l’époque. Ces portraits patibulaires en noir et blanc saturés en couverture, et puis seize titres avalés en moins d’une demi-heure : les légendes de la Bay Area ne sont pas venues là pour nous gratifier de grandes envolées ou ralentir le temps avec des plages dub.
L’album débute par le titre éponyme, Lars Frederiksen chante le refrain en puissance, Matt Freeman s’occupe du chœur de sa voix la plus rauque alors que Tim Armstrong, bien calé entre ses deux piliers, raconte les couplets de sa gouaille inimitable. Ce titre est une démonstration de cohésion de la part d’un groupe sûr de sa force, qui n’a pas à surjouer ou montrer de l’agressivité superflue lorsqu’il évoque la violence sociale ou physique de son quotidien. Elle est omniprésente sur ce disque parce que rien de ce qu’il se passe dans la rue n’échappe à Rancid. Mud, Blood and Gold ou The Bloody and Violent History imprègnent le pavé d’hémoglobine. Il y a aussi ce docker, Eddy The Butcher, qu’il est préférable de fréquenter de loin, et qui a son propre titre introduit par un solo de basse démoniaque. Sûr que des Steinbeck ou des Selby Jr trouveraient de l’inspiration dans l’Amérique de Rancid. Si Devil In Disguise finit dans un pub où sont attablés les Dropkicks Murphys des débuts, le ton général de l’album est dur, la rythmique tend vers le psycho, voire vers Motorhead pour son côté implacable. Là dessus, les guitares gardent leur côté mélodique cher à Brett Gurewitz ici à la production.
Les nostalgiques du Rancid caribéen et novateur l’auront compris, ce n’est toujours pas pour cette fois. Mais qu’ils ne se résignent pas : Tim Armstrong a annoncé un nouveau projet, Doom Regulator, avec Jesse Michaels (ex-Operation Ivy), Joey Castillo (Circle Jerks, The Bronx) et Spencer Pollard (Trash Talk), et le premier extrait – Raid – est délicieusement rocksteady. Les autres seront heureux de trouver un album rude écrit par un groupe en forme, qui semble pouvoir écrire ce genre de morceaux à l’infini. Mais ne nous y trompons pas : il n’y a rien de facile ici, Tomorrow Never Comes étant le fruit de musiciens inspirés et intransigeants. S’il fallait résumer en un mot, on piocherait encore dans les albums passés : Indestructible.
A ECOUTER EN PRIORITE
Tomorrow Never Comes, It’s a Road to Rigtheousness, Drop Dead Inn
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