QDRPD – ‘Interiors’

Album / Santé / 15.11.2019
Math rock de l’espace

Attendre cinq ans pour sortir le deuxième album d’un projet encore relativement confidentiel est une prise de risque certaine. Ça tombe bien, dès qu’il est question de musique, c’est exactement l’approche adoptée par Quadrupède – devenu QDRPD – depuis ses débuts. Remise en question systématique de son schéma de composition, et ferme volonté de ne pas se répéter sont en effet les deux axes de réflexion dès lors que le duo manceau travaille sur de nouveaux morceaux.

Inutile donc de s’attendre ici à une version plus mûre encore du math rock déroulé en 2014 sur Togoban. Tout au long de Interiors, Joseph Smalley (batterie), Damien Lecoq (guitare) et tout leur attirail électronique oeuvrent donc à leur petite révolution. A grands renforts de samples, de riffs, et de beats dé-syncopés, les deux humains mutent toujours un peu plus vers la machine, jusqu’à brouiller les pistes et ne faire plus qu’un (Central Massif, Interiors). C’est ainsi que QDRPD traduit en musique le 2020 que l’on fantasmait au siècle dernier, cette science fiction mélo-mélancolique devenue soudainement réalité dont l’imagination débordante va même parfois jusqu’à flirter avec l’inintelligible quand elle tourne plus à la performance qu’à la composition comme on a l’habitude de l’envisager (Yau Ma Tei, Your Middle Of The Night Drifting Mind).

Un détail au milieu de véritables réjouissances (le surprenant Four Phones, certainement la méthode avec laquelle cette ballade au piano fantomatique fut capturée), de démonstrations intelligentes du talent incontestable de ce groupe assez visionnaire et avant gardiste pour nous laisser entrapercevoir la musique du futur (Capitapica). Et tant pis si on ne la comprend pas toujours tout de suite, ça ne donne que l’envie de retourner plonger dans tant d’audace.