Pylone – ‘Silence’

Album / A Tant Rêver du Roi – Rejuvenation – Kerviniou – Bruisson – Gabu / 10.11.2018
Noise rock

Pour son deuxième album, Pylone choisit d’approfondir l’exercice du texte en français. Le groupe, qui avait déjà tenté l’expérience sur Things Are Better Left Unspoken (2013), décide sur Silence de mettre plus encore en avant sa parole poétique, servie par un rock noise toujours aussi têtu qu’envoutant.

Malgré la brillance des compositions cousues avec soin, un temps d’adaptation s’impose pour s’approprier le sens profond de cet univers original. Les textes remplis d’impressions sont scandés haut et fort, offrant une poésie froide, électrisée au milieu d’orchestrations habiles et obligeant à l’écoute attentive de chaque élément du disque. Et là où beaucoup s’y sont cassés les dents, Pylone déploie une force de frappe aussi efficace qu’hypnotique.

On distingue la présence omniprésente d’une basse robuste, autant que les variations mélodiques opérées par des guitares au service d’un propos solide de bout en bout (Teruel, Step Over, Masses, A Bon Entendeur, Lezarde, Trashcan). Et même dans la langue de Shakespeare, puisque Silence joue aussi sur les deux tableaux de langage, chaque titre prend le temps d’installer des reliefs entêtants et précis, préférant de loin en délimiter les contours plutôt que de les griffonner dans des formules alambiquées (Alien, Clumsy, Drop, Twin).

Cérébral et racé, Silence est une manœuvre musicale intense remplie de tournures inédites. Sur les traces d’un Diabologum ou d’un Kourgane, Pylone construit sa différence dans la réflexion intelligente du texte et la construction subtile d’un rock noise aux atmosphères puissantes. Voilà un disque aussi fin qu’engagé, qui mérite une attention particulière car capable de tenir en haleine sans sombrer dans la démesure.