Prohibition – ‘Cobweb-day (Revisited)’

Prohibition – ‘Cobweb-day (Revisited)’

Album / Prohibited / 20.06.2025
Indie noise

D’aucuns acquiesceront sans une once d’hésitation : Prohibition fait sans conteste partie des formations rock les plus importantes que l’Hexagone ait connues. Si la lecture de cette affirmation vous fait sourciller, alors on ne saurait trop vous conseiller de vous forger votre propre opinion en vous plongeant (ou replongeant) dans sa discographie, et pourquoi pas en commençant par Cobweb-day, son troisième long format tout juste réédité pour son trentième anniversaire. Pour l’occasion, les dix titres sortis sur la version vinyle initiale se voient complétés de quelques morceaux bonus (dont la plupart étaient déjà présents à l’époque sur le format CD), le tout passé à la moulinette d’un nouveau mixage et d’un remastering.      

Par bien des aspects, Cobweb-day fait office de véritable jalon pour les Parisiens : premier disque publié sur leur propre label Prohibited, premier morceau (Glaring) impliquant leur ami Quentin Rollet au saxophone, mais aussi début de nombreuses opportunités de tournées, en Europe comme aux Etats-Unis. Fondé sur les bancs du lycée seulement quelques années auparavant par Fabrice et Nicolas Laureau et leur camarade Ludovic Morillon, le groupe fera si forte impression qu’il se verra invité à ouvrir pour Chokebore, Les Thugs, Noir Désir ou… Fugazi. Pas un hasard puisque Prohibition fut souvent comparé à la bande de Washington D.C., notamment du fait de ses compositions oscillant entre simplicité insolente et expérimentations prenantes, et que le caractère autant tendu que déconstruit de sa musique renvoie instinctivement vers d’autres formations noise rock made in USA, Hoover en tête.

Et s’il y a bien une chose qui nous frappe toujours autant après toutes ces années, c’est le niveau de créativité et d’efficacité atteint ici par les parisiens, alors seulement jeunes adultes : chaque morceau (notamment Tied To A Point, Smooth Out, ou Pain) voit s’enchaîner à la perfection une flopée de riffs de guitare et de lignes de basse à faire pâlir tout musicien en quête de nouvelles idées. Aussi, en plus des influences jazz présentes dans les mélodies et les rythmiques de 3 Letters Gone ou de Target Is Mine, on remarque déjà en filigrane leur attirance de toujours pour les musiques afro-cubaines (Respect Always Contents) ou indiennes (Glaring). Cette inspiration sans borne se verra d’ailleurs confirmée par la suite avec leurs projets F/Lor, Don Nino et NLF3.

L’artwork aussi sobre qu’abstrait, réalisé par Fabrice Laureau du haut de ses 19 ans, fait quant à lui référence à l’art africain et aux gratte-ciels américains au pied desquels les frangins ont passé leur enfance, mais aussi à cette impression angoissante d’être observés, scrutés, voire emprisonnés et donc, in fine, au titre Cobweb-day. Les textes portent sur des sujets certes ‘classiques’ pour le giron punk (commerce des esprits et des corps, violences étatiques, aveuglement occidental etc.) mais sont amenés ici de manière poétique et profonde, tout en gardant un certain niveau d’auto-dérision. Rajoutez à cela une attitude DIY et une intégrité qui ne fera jamais défaut – en atteste cette volonté de continuer à tracer coûte que coûte sa route avec le label Prohibited – et vous conviendrez sans doute du caractère indiscutable de la toute première phrase de cette chronique.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Tied To A Point, Process, Target Is Mine, Glaring, Respect Always Contents, Boutique, 3 Letters Gone, Pain


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