30 Oct 15 Postcoïtum – ‘Learning To Be Me’
Album / Daath / 27.10.2015
Un croisement sans Battles
Ce n’est pas une légende : en plus d’une déduction fiscale fort bienvenue, les journalistes sont fainéants. Ce défaut s’illustre par l’usage fréquent de comparaisons douteuses. Ce fut par exemple le cas dans ces colonnes lorsque notre rédacteur en chef rapprocha Mutiny On The Bounty d’une synthèse entre Electric Electric et Battles. Une situation reproduite lorsqu’un confrère (accessoirement attaché de presse du groupe) me fit l’éloge de Postcoïtum, à situer selon lui entre Zombi et… Battles.
Disons-le d’emblée, les références alors citées sont très approximatives mais qu’importe, après tout, nous vivons dans un monde où Jeanne Added incarne ‘une furie post-punk’ (sic). L’important n’est donc pas là. L’éloge, en revanche, était bien légitime. Postcoïtum peut en effet se targuer de sortir un album d’une facture irréprochable. Loin de s’embarrasser de vaines étiquettes (math, post, -tronica), le duo digère tous ces pistes pour mieux les embrasser. Plus proche d’une oeuvre symphonique que de l’essai frontal, ‘Learning To Be Me’ frappe en premier lieu par son ampleur. En dépit d’une formation modeste, Postcoïtum ne cache pas son goût pour les effusions grandiloquentes.
Le duo tisse ainsi des pièces instrumentales, logiquement nourries par leur cursus jazz et expérimental. Et si, sur scène, le projet implique une installation lumineuse interactive, la plus grande qualité des musiciens est de fuir l’onanisme et les élucubrations techniques sur disque. Complexes, les compositions restent accessibles de par leur dimension picturale. Le penchant du duo pour les épopées synthétiques est palpable et c’est avec succès qu’il les décline, avec un sens aiguisé de la narration. Au jeu des comparaisons douteuses, auquel nous devons nous prêter pour le simple goût du risque, ‘Learning To Be Me’ convoque aussi bien Holden, Three Trapped Tigers ou Atoms for Peace RocketNumberNine, une chimère à même de stimuler de nombreuses sensibilités.
‘2045’, ‘Learning To Be Me’
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