Porridge Radio – ‘Waterslide, Diving Board, Ladder to the Sky’

Porridge Radio – ‘Waterslide, Diving Board, Ladder to the Sky’

Album / Secretly Canadian / 20.05.2022
Indie rock

En 2016, le premier album Rice Pasta and the Fillers avait placé Porridge Radio très haut dans la liste des grands espoirs de l’indie rock britannique, grâce à la personnalité toujours à fleur de peau de leur frontwoman Dana Margolin et des compositions très 90’s rappelant Electrelane ou Hole, selon le niveau de saturation employé. Ces espérances avaient été comblées par l’épatant Every Bad en 2020 mais aujourd’hui, la nuée médiatique semble s’être déplacée vers de nouveaux venus. Courir après étant vain, le groupe avait peut être la possibilité de travailler sur un troisième album avec plus de sérénité et moins de pression. Son nom, Waterslide, Diving Board, Ladder to the Sky pourrait être écrit à l’entrée d’un parc aquatique, et nous envoie déjà dans des directions opposées.

Pourtant dès Back to the Radio, on est invité à se barricader chez soi et s’allonger sur le carrelage, le titre montant progressivement en tension jusqu’à atteindre le point de rupture marqué par un gros refrain repris en chœur. Dana Margolin a toujours sa boule au ventre et chante à gorge déployée pour la faire sortir. Elle est de ces personnalités clivantes qui agacent ou subjuguent, et de ce fait, Porridge Radio ne sera jamais un groupe consensuel, qui fera adhérer le plus grand nombre. Sur Birthday Party, la phrase ‘I don’t want to be loved‘ revient avec insistance, dans une douleur palpable. Il est question de déception également dans End of the Last Year, sur lequel un nouveau bon à rien se voit reprocherYou break everything you touch‘. On en rencontre quelques uns dans la discographie de Porridge Radio : rappelons nous de ce magnifique Eugh du premier album. A l’époque néanmoins, on ne sentait pas cette colère de chaque instant.

Mais il serait réducteur de résumer le groupe aux difficultés relationnelles de sa chanteuse, car Porridge Radio a évolué musicalement. Exit les saturations grunge, d’autres voies s’ouvrent notamment grâce à une plus grande utilisation des claviers de Georgie Stott. Ils accompagnent la ballade torturée Splintered ou créent des spirales folles qui font s’envoler U Can Be Happy If You Want To. Énormément d’énergie se dégage de ce morceau, on le croirait presque positif si ce n’est les paroles ‘Back, and back, and back, and back again/ It hurts when I peel off my skin/ I don’t believe in anything‘. En tout cas, il semble comme une grande libération, un exutoire où tout le groupe finit par chanter ensemble. Cette structure à l’intensité allant crescendo est souvent utilisée par le quatuor depuis ses débuts, surtout pour ses singles. C’est en s’enfonçant dans les albums qu’on trouve plus de diversité, comme l’entrainant I Hope She’s OK 2 ou les notes de piano classique de Flowers ou Jealousy. Et puis il y a le très synthétique The RIP que Porridge Radio a voulu comme une pop song massive, entre Charlie XCX et les montées puissantes de Deftones. Il fut le premier morceau travaillé, puis le dernier fini avant d’entrer en studio pour l’enregistrement de l’album.

Les gens qui n’éprouvent rien écrivent rarement de grandes chansons. Dana Margolin, elle, sait parfaitement exprimer ses trop-pleins d’émotions, et Porridge Radio s’en nourrit, puis les transforme en intensité musicale, sans pour autant négliger la finesse de la composition. Avec Waterslide, Diving Board, Ladder to the Sky, le groupe assoit son style qui ne pourra plus lui être disputé, et dépasse pour de bon le stade de l’espoir britannique.

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A ECOUTER EN PRIORITE
Back to the Radio, U can be Happy if you want to, End of Last Year, Splintered

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