05 Nov 24 Porridge Radio – ‘Clouds In The Sky They Will Always Be There For Me’
Album / Secretly Canadian / 18.10.2024
Indie pop
Porridge Radio signe un quatrième album où la rage se traduit par moins de colère et plus de mélancolie. Résolument plus pop que ses prédécesseurs, Clouds In The Sky They Will Always Be There For Me offre une gamme de sonorités beaucoup plus lumineuse et variée. Le groupe confirme son rôle d’outsider magnifique de la pléthorique scène post-punk bruitiste. Un outsider qui a décidé de s’éloigner des sentiers rebattus pour trouver sa propre lumière.
Certes, il manque encore un ou deux titres incontournables au quatuor pour marquer définitivement les esprits, mais Porridge Radio, grâce notamment à la voix de Dana Margolin, est déjà un groupe identifiable à ses premières notes. Cette voix, séditieuse, a créé à elle seule un clivage entre les inconditionnels et les haters. Il était temps de voir si elle avait autre chose à proposer que de la bile et de la rugosité à nous laisser entendre. Et force est de constater que Dana sait aussi apporter beaucoup de variations, de la plainte à l’ânonnement susurré, à l’image de toute la formation qui n’a de cesse, sur ces quarante minutes, d’arrondir les angles et de donner des gages de son savoir faire, entre alternance bienvenue des instruments (la place accordée aux claviers est d’une justesse renversante) et nappage des voix aux essences folks miraculeuses. La présence de Dom Monks (Big Thief, Nick Cave) à la production y est certainement pour beaucoup.
A ce titre, l’articulation entre la complainte Wednesday et le quasi symphonique In A Dream I’m A Painting, au cœur de l’album, est très représentative de cette nouvelle approche. Les distorsions sont repoussées en fin de titre pour l’un, ou en bridge pour l’autre, mais portent toute la tension dramatique si prisée par le groupe. Le premier fait la part belle à un bugle inattendu dans une construction harmonique très aérienne, l’autre retrouve une rythmique binaire très structurante. Mais chaque fois, la voix, très proche, très détaillée, nous berce et nous instruit. Dana nous raconte sa vie, ses difficultés, ses outrances. Si la voix est plus posée, le songwriting n’a jamais été aussi offensif et expressif. Il est question des artistes qui explosent en vol, de la schizophrénie de l’économie du disque, de la surchauffe de tout un système qui ne fonctionne plus que par la scène et d’éprouvantes tournées, de jeunes gens qui croient s’épanouir mais voient leur vie leur échapper. C’est donc aussi un disque sur la perte, les désillusions, les amours déchus.
On est touché au cœur dès que le groupe s’éloigne des dissonances trop entendues. De Hole In The Ground à I Got Lost, leurs ballades survitaminées ou bucoliques font mouche. Clouds In The Sky They Will Always Be There For Me reste au final un album à apprivoiser, mais il confirme que Porridge Radio est devenu cet acteur indéboulonnable de la pop anglaise. Exigeant et curieux, ne laissant que peu de prise à la facilité, il ne transige pas sur ses valeurs indépendantes et alternatives pour une gloire passagère. Mais leur nom seul est désormais capable de donner un crédit à toute une programmation, c’est dire si ces quatre-là sont sérieux et indispensables.
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