Porcelain Raft – « Strange Weekend »

Porcelain Raft – « Strange Weekend »

raft180Album
(Secretly Canadian)
23/01/2012
Dream pop

Peut-être est-ce du à la violence de nos derniers rapports avec la scène musicale italienne (Crookers, Bloody Beetroots, etc.), mais on n’a pas tout de suite succombé à la fragilité de Porcelain Raft. En l’occurrence, on les a un peu trop vite écartés, comme trop pompeux, trop compliqués, trop disparates. Croyez-nous, on le regrette! Au gré des écoutes, l’énigme s’illumine. Le contraire aurait été injuste tant il se démarque de ses congénères, ceux de la chill-wave, avec une finesse qu’on ne lui connaît (déjà?) que trop bien.

Depuis 27 ans, Mauro Remiddi voyage à travers le monde, six semi-remorques de vinyles dans ses bagages. Qu’il réinterprète de la musique traditionnelle en Corée du Nord ou qu’il joue de la musique klezmer, l’italien nourrit cette culture encyclopédique. Et décline ses obsessions sur des arrangements langoureux enveloppés dans un fantasme exotique. Pour « Strange Weekend », il a collectionné durant un an d’innombrables images, qu’on devine prises sous des lumières ivres, pour donner naissance à un carnet de notes quotidien d’où exhale treize horizons possibles.

Pas toujours à la hauteur de ses belles idées, l’album pèche par son manque de direction. Est-ce le prix à payer lorsqu’on revendique une certaine idée de l’expérimentation et du hasard? Oh que non! « Strange Weekend » est un exercice autrement plus périlleux que ceux réalisés par ses collègues de dream-pop californienne où se télescopent les mélodies, désirantes et désirables de Julee Cruise et Beach House. Ici, chaque morceau semble ne durer que le temps d’être compris. Ouaté et organique « Shapeless & Gone » et « Is It Too Deep For You? », envisagent la musique comme un monde parallèle imaginaire, sans même qu’il soit nécessaire de cligner des yeux.

A force de remettre en question les rapports de force et de traquer les acquis, Porcelain Raft finira par régner seul. « Strange Weekend » a été enregistré dans la pénombre d’une cave de Brooklyn, mais la dream-pop qui en ressort vise le ciel.

En écoute

Disponible sur
itunes16


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