Poliça – ‘Madness’

Poliça – ‘Madness’

Album / Memphis Industries / 03.06.2022
Indietronic

Minneapolis fait partie de ces villes qui, au fil des années, sont devenues une ‘scène’. Son rayonnement s’étend en fait sur tout l’État du Minnesota qui a vu éclore des artistes tels que Prince, Bob Dylan, Low et Poliça qui nous intéresse aujourd’hui.

Poliça naît en marge du projet ambitieux Gayngs, un big band réunissant 22 artistes, la crème du Midwest, mêlant folk, électro, jazz ou encore hip-hop. La chanteuse Channy Leaneagh se rapproche du producteur Ryan Olson en 2011, au moment où la pauvre traverse les affres d’une séparation amoureuse. Qu’à cela ne tienne, la douleur influencera majoritairement leur premier album Give You The Ghost, une merveille absolue qui sera encensée par la critique et qui propulsera le groupe sur le devant des scènes des plus grands festivals. L’ère Poliça est lancée grâce à ce son unique que l’on doit au mariage parfait entre les beats chiadés d’Olson, les rythmes imposants de deux batteries et les paroles d’une Channy Leaneagh dont la voix ultra transformée ne fait qu’ajouter du mysticisme enivrant au tout.

Depuis 10 ans, Poliça reste un collectif discret et modeste dans le bon sens du terme. Ryan Olson se refuse à apparaître publiquement et c’est donc la très timide et un peu gothique Channy (désormais épouse d’Olson) qui se prête aux corvées des interviews, exercice qu’elle déteste, estimant que tout est dit dans les paroles de ses chansons, et le reste on s’en cogne. Les mots qu’elle utilise pour présenter ce nouvel album collent bien à cette attitude un peu distante : ‘Je suis ici pour vous tous et ne suis jamais vraiment moi-même ici. Je suis elle pour vous tous et ne suis jamais vraiment elle.

Madness suit la lignée du précédent When We Stay Alive, centré sur sa convalescence après un grave accident, et résonne comme une séance d’introspection avec des titres aussi concrets que percutants. Violence, le morceau qui reprend le plus clairement le son typiquement envoûtant de Poliça est désarmant de fatalité : ‘You gonna be my baby / even if you don’t want it / in violence and regret‘. Ambiance…

Comme pour beaucoup d’albums qui vont encore sortir ces prochains mois, l’écriture de Madness est marquée par cette période dorénavant historique de pandémie, de distanciation, de pause. Les titres composés dans cette solitude forcée ont pour ambition d’apporter ‘un peu de répit dans la sur-stimulation des choses d’aujourd’hui‘. Pari réussi si on en croit l’état de calme après l’écoute des (trop courtes) 31 minutes de ce disque qui s’achève sur un flegmatique et hypnotique Sweet Memz semblant clore la première ère Poliça.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Violence, Blood, Fountain, Sweet Memz

À LIRE AUSSI

No Comments

Post A Comment