Plug – « Back On Time »

Plug – « Back On Time »

plug180Album
(Ninja Tune)
09/01/2012
Jungle

De tous les pseudos de ce schizophrène de la musique électronique qu’est Luke Vibert, Plug est sans doute l’un des moins connus. Pourtant, derrière les délires electronica, abstract hip-hop et acides de Wagon Christ, Kerrier District ou Ace of Clubs, cette discrète personnalité drum’n bass a pourtant influencé les boîtes à rythmes de Squarepusher et Aphex Twin.

Ce pseudo, il ne l’utilisa d’ailleurs qu’anecdotiquement en 1996 à la sortie de l’album « Drum’n Bass For Papa », disque devenu culte très tardivement, bien que passé à l’époque inaperçu auprès des puristes. Quinze ans plus tard, le londonien sort un deuxième opus, conservé dans ses cartons tel un mammouth cryogénisé dans la banquise. Pas de doute, ceux qui ont été éduqués à coups de drum’n bass filtrée et influencée FM ne comprendront rien ou, au choix, se prendront une petite leçon de jungle old school dans les dents. Car, avec la dose d’humour qui a forgé sa réputation, ses samples inopinés et ses idées farfelues, « Back on Time » tire dix titres de quelques DAT enregistrées entre 1995 et 1998. Une aubaine pour Ninja Tune – premiers veinards au courant de cette sortie qu’on n’attendait pas – qui sort illico ces archives poussiéreuses qui parleront essentiellement à un public de vieux barbus avertis et nostalgiques des radios pirates, des soirées moites des caves londoniennes, et des sons expérimentaux qui commençaient à s’incruster un peu partout dans la musique électronique.

Sans raconter la petite histoire, on aura du mal à vendre cet album de Plug qui perd de son intérêt sorti de son contexte. Produits à l’époque en marge d’une vague souvent stéréotypée, ces morceaux sont donc réservés à ceux qui ont baigné dans le rumble de Goldie, Dom & Roland ou Total Science, car on parle ici d’une scène qui a évolué, pour le meilleur et pour le pire, et dont il est difficile d’apprendre encore quelque chose de nos jours. Malgré tout, si on ferme les yeux pour se projeter à l’époque ou « Wannabe » des Spice Girls culminait en haut des charts, on saura apprécier la magie que dégagent ces morceaux fabriqués à l’ancienne, centrés avant tout sur la rythmique, originaux par les éléments funky (« Scar City »), soulful (« Feeling So Special » qui n’a rien à envier à Calibre), gospel (« Mind Bending ») et même Bollywood (« A Quick Plug for a New Slot ») que Luke Vibert y injectait. Une bon petit cours d’histoire après tout…

En écoute

« Feeling So Special »

Disponible sur
itunes5


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1 Commentaire
  • Openminder06
    Posté à 15:02h, 13 janvier Répondre

    1996 / 1997 : Pour un retour nostalgique c’est sur que c’en est un, d’une époque où, étudiant à la Fac, . « Drum & Bass For Papa » est pour moi un album majeur. Il fait partie de cette poignée de disques labellisés Jungle, mais disques au son que l’on aurait pu appeler « Intelligent Jungle » ou « Abstract Jungle » en parallèle à l' »Intelligent techno » (« Electronica ») ou au Trip Hop à la Mo’Wax, disques pour certains au son quand même assez sombre à bien y regarder… sauf que pour Plug, il s’agit d’un son sombre certes, mais en même temps joyeux, presque comique grâce à son coté cinématographique et bien sûr aux rythmiques ciselées à souhait. Tout cela pour dire, s’il y en a que ça intéresse (ou qui veulent se remémorer des souvenir), que vous pouvez non seulement zyeuter du coté de Plug amis aussi du coté de ces quelques disques suivants qui figurent parmi mes incontournables de cette période (disques qu’à l’époque je passais en boucle sur une Radio Caenaise (Radio 666)) : en plus de Plug (regardez aussi les sous Wagon Christ qui sonnent proches comme par exemple sur le « Carwerk » de Funki Porcini où Squarepusher fait un chouette remix aussi : 1996 tj !), le superbe (bien dark & cinglant) album de Photek « Modus Operandi » ainsi que qques titres de Source Direct sur le même label Science, le remix du titre « Unfinished » de Can (Hiller/Kaiser/Leda Mix), Turntable Terranova (le remix de « Precipice » par Dj Krust sur Compost), Neotropic (sur Ninja Tune avec « 15 Levels Of Magnification »), Buzz Bomb avec le LP « Disturbance In The Area », Peshay (dont son remix de « Clubbed To Death »en 1995 ou celui de Ruby « Salt Water Fish » ), Spring Hill Jack (et notamment le superbe remix du « Gallapagos » de Tortoise & aussi du « Bombscape » de Low), Alex Reece & son tubesque « Pulp Fiction », Gilb’r (dont son remix de « Crispy Bacon » de Garnier en 1997), Roni Size / Reprazent (dont le classique « Brown Paper Bag »), 4 Hero, Omni trio etc…. et c’était parti, la jungle s’immissait partout et même dans plein de production françaises housy ou même pop (un titre de Dalcan / Snooze par là, une ouverture d’album d’Elegia par là, Daho « Au Commencement » remixé par Jonny L….)

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