
13 Oct 23 Pleasures – ‘Shake That Tree’
Album / Lollipop / 13.10.2023
Pop rock
Mettons tout de suite les choses au clair. Marseille n’est peut-être pas une ville rock, mais c’est une ville où l’on sait en faire. Elle a même l’habitude de faire valser – le fameux ‘‘roll’ souvent négligé – ses musiciens comme ses entraineurs de foot. La formation d’un jour n’étant pas forcément celle du lendemain, les groupes se font puis se défont au gré des opportunités et au grand dam d’un public qui a parfois du mal à suivre.
Les Pleasures n’échappent pas à la règle, eux qui comptent dans leur rang quelques transfuges, et pas des moindres. Le quatuor phocéen a en effet été fondé en 2017 par Stéphane Signoret (guitares), ex-Neurotic Swingers et Patrick Atkinson (chant, guitares) qui officia un temps au sein de John Moore (batteur des Jesus & Mary Chain) & The Expressway. Après un premier LP remarqué, toutes guitares dehors, ils ont été rejoints pour leur deuxième essai par deux nouveaux acolytes, Simon (Dissonant Nation, Tense Of Fools) à la batterie et Jules (Parade) à la basse. Vous avez suivi ? Cette composition d’équipe est digne d’un mercato Olympien… Mais tout ceci ne serait qu’anecdotique si l’on n’était pas persuadé que l’alchimie est la bonne, qu’il ne faut désormais plus rien modifier et qu’il est temps de convoler en justes noces. ‘Papa, maman, je vous présente les Pleasures. On s’aime, c’est pour la vie’. Parce que oui, cet album est une réussite.
Les titres sont accrocheurs et raviront les amateurs de pop musclée teintée d’une bonne dose d’énergie. La dimension mélodique est revendiquée avec force et les sonorités rock se font plus un peu plus discrètes que sur Feel It Rise, son prédécesseur. Bien que toujours présentes puisqu’elles ouvrent chaque morceau, les guitares ne sont plus le sujet principal de l’album et la composition s’en trouve plus équilibrée, au profit d’une ligne basse/batterie particulièrement solide. Le chant en anglais, parfaitement porté par Patrick Atkinson, achève de donner liant et cohérence à l’ensemble. Un mérite qu’il faut relativiser par les gènes, puisque le chanteur, anglais de naissance et marseillais d’adoption, possède ces facultés innées que tout musicien qui se respecte envie à la perfide Albion : l’art de composer des mélodies qui restent dans la tête (Trust The Night notamment).
On pourrait imaginer naviguer ici vers l’Australie et retrouver quelques accointances avec les titres les plus posés de The Saints, on pense notamment au fabuleux Memories Are Made of This, même s’ils ont choisi d’adapter I Can’t Escape Myself des anglais de The Sound (auquel le groupe voue une véritable dévotion). La reprise, plutôt fidèle et réussie, repose sur une structure alternant attaque pop et refrain rock qui ne dépareille pas avec le reste de l’album. Cette composition, inversée sur You Won’t Take Me Down, se retrouve alternativement sur chacun des 11 morceaux d’un album long mais sans redite, et qui ne s’embarrasse d’aucune autre fioriture que quelques chœurs placés ici et là.
Shake That Tree oscille entre titres posés (Trust The Night, Give a Little More) et compos plus énervées (You Won’t Take Me Down), avec des incursions parfois rock’n’roll, comme sur Be Yourself ou This Love in Me. C’est d’ailleurs là que réside toute sa force et sans doute les Pleasures ont-ils même redonné ses lettres de noblesse à un rock qui n’est pas post, punk ou indie mais bien ‘roll. Au sens littéral du terme, traduire ‘balancer’. Ou ‘remuer’, comme cet arbre qu’ils nous invitent à secouer et dont on ne sait pas exactement ce qui en tombera, si ce n’est un authentique moment de plaisir.
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