26 Sep 11 Plaid – « Scintilli »
Album
(Warp)
26/09/2011
Folktronica
Plaid revient après huit ans d’absence passés notamment à composer deux B.O, dont celle – sublime – de « Amer Béton ». Un événement depuis l’annonce estivale de ce nouvel album qui n’aura pas manqué de mettre en effervescence les admirateurs de ce duo toujours novateurs, parfois même à l’origine de courants musicaux, indissociable de l’ère glorieuse de Warp. Clairement, et bien qu’il soit difficile de citer un seul album de Plaid incontournable dans son intégralité, les deux n’ont jamais déçu, et chacun de leur disque a systématiquement apporté sa pierre à l’édifice. Pourtant, depuis »Spoke » sorti en 2003 et en omettant volontairement « Greddy Baby », de l’eau a coulé sous les ponts: on se demandait donc comment ces Britanniques pourraient de nouveau sortir des sentiers battus.
»Scintilli » répond partiellement à cette question puisqu’on reste ici en terrain connu: une absence d’effet de surprise en guise de première déception. En effet, ce Plaid là est un mix de…tout ce qu’a pu faire Plaid jusque là, de l’electronica nourrie au folk, à l’atmosphères onirique, en passant par l’expérimentation hypnotique, la techno ou le dubstep. Introduit par un »Missing » très lyrique, élevé par des guitares folk, une harpe et des voix cristallines, l’album poursuit avec un »Eye Robot » décevant, sorte de dub indus un peu daté qui ne dénoterait pas en fond sonore de mauvaise science-fiction. Heureusement, »Thank » relève tout de suite le niveau sous fond de synthé soft et de rythmique destructurée. Un titre qui pue le Plaid, à l’instar de son successeur « Unbank », tube techno gentillet mais un des plus aboutis de cet album, preuve même que les Anglais peuvent créer un son de club, sans être dénués de minutie et de douceur typiques de leur son.
Le calme »Tender Hooks » poursuit alors le plaisir dans une veine plus cinématographique, ambiance chill et beat frénétique à l’appui: une douce transition vers l’interlude »Craft Nine », planant, léché, envoûtant, potentiellement synchronisable sur une réclame Air France. Propre mais dispensable. Sans rien enlever à »Sömnl », sa bassline sourde, efficace mais un poil redondante, Plaid marque un nouveau coup avec »Founded », prolongeant ce registre folktronica si chéri. Fort d’une riche combinaison de voix et de synthés, le duo parvient là à faire beaucoup avec très peu. Tout le contraire de ce qu’ils ont à proposer dès qu’ils densifient leurs compositions, comme peut en attester »Talk To Us », passage plus énervé bien que vomitif où les destructurations permanentes ne mènent à aucune issue.
»African Woods », pourtant pas la composition la plus simple du disque, lave cependant l’affront. Sous de multiples couches de synthés, propulsé par un beat frénétique, cet essai d’afro-digital détruit les derniers doutes subsistants. Puis, »Scintilli » flirte avec l’épique. Battles a son »Futura », Plaid a »Upgrade ». Le tandem renoue ainsi avec ses orientations des années 2000, tendance »Itsu ». Nourri aux synthétiseurs inquiétants, délaissant le mid-tempo au profit d’une cadence exaltée, l’hostilité de ce morceau’ est habilement masquée par son ampleur sonore. Enfin, la conclusion arrive avec… »At Last », épitaphe cosmique et parfaite qui se fait l’écho futuriste de »Missing ».
Une pointe d’amertume reste tout de même à la bouche après l’écoute de »Scintilli » dont les meilleurs morceaux vont rarement aussi loin que l’on aimerait. Capable du meilleur ou du juste honorable, l’hydre se contente souvent du deuxième cas. Enfin, si la créativité de Plaid ne fait aucun doute, le sujet semble trop maitrisé pour lâcher définitivement la bride, comme si le duo craignait d’en faire trop. »Scintilli » ne perdurera pas, malgré d’indéniables qualités. Les japonais auront peut-être un avis différent si « Outside Orange », le quatorzième morceau inclus à leur édition, s’avère être l’incontournable tuerie. Mais puisqu’on n’y aura pas droit, difficile de ne pas camper sur cette position fade, presque suisse.
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