Pixies – ‘The Night The Zombies Came’

Pixies – ‘The Night The Zombies Came’

Album / BMG / 25.10.2024
Indie rock

La nostalgie refait surface quand le présent n’est pas à la hauteur du passé, disait à peu près Neil Bissondath dans Tous Ces Mondes En Elle. Ce qu’on peut paraphraser plus prosaïquement par ‘c’était mieux avant‘, formule qu’on a toutes et tous employé arrivés un certain âge, pas forcément par aigreur mais résignés et conscients que la magie des débuts, en musique comme dans tout autre domaine, ne revient jamais vraiment. Si certains groupes ont su s’arrêter à temps (la faucheuse ne leur a pas laissé le choix), entrant dans la légende pour l’éternité, d’autres poursuivent coûte que coûte leur parcours musical, empilant les sorties discographiques sans forcément avoir grand chose à dire, en tout cas rien de plus que la fulgurance de leurs débuts, ce qui est déjà pas mal me direz-vous… Entre l’éternel ‘retour aux sources’ ou le classique ‘album tant attendu’, les fans que nous sommes oscillent plutôt en général entre espoir déçu, joie (très) contenue ou indifférence polie. Sagement, avec le temps, on a appris à chérir le passé, plutôt qu’à attendre du présent car abaisser ses attentes, c’est adoucir le risque des déceptions. Et avec les Pixies, il y en a eu un paquet. De la reformation en 2004 au départ de Kim Deal, en passant par Indie Cindy en 2014, et tous les albums suivants, les occasions de se retourner sur Bossanova ou Doolittle furent nombreuses. Alors, le Pixies nouveau 2024, ça donne quoi ?

Déjà, saluons l’arrivée à la basse d’Emma Richardson qui rejoint le trio inamovible Lovering/Santiano/Black et qui remplace Paz Lenchantin qui remplaçait Kim Deal. Enregistré avec le producteur Tom Dalgety – avec lequel les Pixies ont déjà travaillé sur leurs trois derniers disques –, The Night The Zombie Came (titre parfait à quelques jours d’Halloween) ouvre les hostilités avec Primrose, un morceau mid tempo sur lequel les voix de Black et de Richardson se mêlent avec subtilité. L’ambiance est agréable et feutrée, le choix d’ouverture surprenant et change des effusions électriques habituelles et attendues que nous sommes pressés de retrouver ! C’est ce que suggère le tonique et bien nommé You’re So Impatient, nettement plus enlevé et à la hauteur des standards du grand Francis. Un enchaînement de couplets et refrains, un solo minimaliste en guise de pont et c’est tout. Rien de très surprenant, contrairement au plus âpre Jane (The Night The Zombies Came) plus fouillé harmoniquement, plus sombre et vocalement plus intéressant qui, accolé à Chicken, donne une belle séquence. Ce dernier, marqué par son chant indolent, ses guitares traînantes et ce refrain magistral (‘I’m not down on my knees‘) évoque par intermittence le monumental Silver période Doolittle, et sort clairement du lot, le son clair typique de Santiago faisant toujours son petit effet sur les âmes sensibles que nous sommes.

Puis après le réussi Hypnotised, nous entrons dans la désormais traditionnelle partie creuse d’un album des Pixies (écueil récurrent depuis 2014) où s’enchaînent titres anecdotiques (Johnny Good Man, I Hear You Mary), single boursouflé (Motoroller), et ‘fan service’ obligatoire (Oyster Beds). Le problème, c’est qu’au lieu de remonter de façon sinusoïdale, The Night The Zombies Came ne revoit jamais le jour, ne fait que chuter et finit même par nous lasser. On ne s’attendait pas à un changement de style radical mais l’inspiration, le souffle, l’énergie ne semblent plus au rendez-vous, la faute à une production paresseuse et sans aspérité. Kings Of The Prairie relève un peu la tête et apporte un peu de fraîcheur mais les schémas et les structures sont trop ressassés, étirés, mâchés pour amener ce supplément d’âme escompté même si, prévoyant, on avait placé le curseur un peu plus bas.            

La nostalgie refait surface quand le présent n’est pas à la hauteur du passé‘, disait à peu près Neil Bissondath dans Tous Ces Mondes En Elle. Et même si le passé doit rester là où il est et que la nostalgie est un poison violent, ce sont deux refuges confortables. Comme l’est et le sera toujours la musique des Pixies. Soyons indulgents, encore, parce qu’au fond, ce nouvel album n’est pas pire que les précédents, voire même un peu plus séduisant grâce à quelques belles surprises et que la voix de Frank Black, malgré les années, nous met encore sans dessus dessous. On attend maintenant l’album solo de Kim Deal prévu la semaine prochaine. Hasard du calendrier ou pied de nez volontaire, on dirait que la rancune, comme cette foutue nostalgie, est tenace.

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A ECOUTER EN PRIORITE
You’re So Impatient, Jane (The Night The Zombies Came), Chicken, Hypnotised, Oyster Beds, Kings Of The Prairie

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