
05 Mai 25 Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs – ‘Death Hilarious’
Album / Rocket Recording / 04.04.2025
Stoner noise rock
Depuis son apparition somme toute assez récente (2012), il n’aura fallu que quelques albums à Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs pour s’afficher en tête de gondole d’une scène stoner/doom pourtant bien fournie. Et si le trait d’humour manifeste derrière le choix de leur nom, tout comme l’attitude singulière de leur chanteur Matt Baty – affublé d’une tenue de joggeur du dimanche – ne sont pas complètement anodins dans l’histoire, il va sans dire que la capacité des Anglais à venir diluer ici et là des éléments noise rock, voire post-punk, est certainement le facteur qui a principalement contribué à les faire sortir de la masse.
Land of Sleeper, dernier album paru en 2023, avait enfoncé le clou un (gros) cran plus loin : assez pour créer une attente d’autant plus importante auprès des fans, mais également pour faire peser une certaine pression sur le groupe lui-même. Ainsi, lors de l’écriture des textes de Death Hilarious, Baty a, de son propre aveu, vécu le syndrome de l’imposteur, avant de finalement parvenir à faire de cette anxiété passagère sa source d’inspiration. Et le bougre s’en est tiré haut la main : l’entame Blockage – pur brûlot stoner au break teinté heavy metal – déballe assez vite quelques saillies savoureuses (‘Now I am residing / Deep within the earth / What would I have given / For a second chance?’).
Satisfaite d’une telle mise en jambe, la bande originaire de Newscastle enchaine sans attendre sur un plat de résistance des plus lourds : Detroit sonne comme l’alliance de Chat Pile et de Mastodon, le timbre de voix tirant d’ailleurs vers celui de Troy Sanders, bassiste-chanteur de ces derniers. Plus loin, Glib Tongued, autre point d’orgue de l’album dont les mélodies de guitare lancinantes renvoient aux atmosphères tendues et sombres de Dälek, peut compter sur la participation pour le moins inattendue du rappeur El-P (Run the Jewels). Et si les six autres titres s’inscrivent dans un registre stoner/doom plus ‘classique’, tous réservent leur lot de surprises : un climax post-metal à la Russian Circles pour le très progressif The Wyrm ; un break sludge pour interrompre Collier, ‘ballade’ heavy rock à la Melvins ; les nappes de synthés noise/indus façon Human Impact de Carousel et Toecurler.
Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs fait ainsi plus que répondre aux attentes : sans jamais trahir son ADN originel, il passe un cap dans sa maîtrise de mélanges de styles bien sentis. Avec cet excellent nouvel opus, et malgré son nom imprononçable, le combo anglais devrait donc encore faire parler de lui, et continuer de dignement représenter sa patrie, terre de naissance du courant stoner/doom il y a de ça 55 ans…
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