06 Nov 06 Picore – « L’Hélium Du Peuple »
[Album]
06/11/2006
(Jarring Effects/Pias)
Il y a deux ans, l’oisillon Picore donnait ses premiers battements d’ailes desquels se dégageaient un bruit inquiétant, crispant, strident et dissonant, fait de dub, de noise et d’indus. On sentait là un groupe intéressant, presque victime de l’injustice de ne pas se retrouver logiquement au catalogue Jarring Effects autour duquel il rodait depuis un temps déjà. La logique a depuis repris ses droits et « L’Hélium Du Peuple » frappe désormais à la porte de chacun
Une occasion rêvée pour ces illuminés d’assombrir le quotidien du mélomane, chose à laquelle certains s’emploient déjà au sein de side project, comme le remarqué Spade & Archer. Ces deux-là ont en commun un goût prononcé pour les ambiances pesantes, glauques même, froides et métalliques, emprisonnant l’auditeur, qui s’y échouerait par chance, dans un tourbillon de lames tranchantes provoquant une véritable effusion de sang, de sueur et de salive, les trois éléments fondamentaux de la musique de Picore
Car les lyonnais n’ont pas vraiment changé d’orientation musicale depuis leur premier essai. Ils l’ont plutôt approfondie, renforcée, ont pris des galons en termes de production, pour faire de ce deuxième album une pièce à part dans le paysage musical français comme au sein du label connu pour ses multiples déclinaisons du dub
« Brulez ce texte et changez de disque« . C’est par ces mots que le combo nous laisse encore une porte de sortie dés l’introductif « France ». Qui s’aventurera plus loin, entrera dans un monde inconnu, imprévisible et hostile. « La Teigne » déroule alors ses lignes de basse à la façon du Général Dub, laisse entendre ses bruits de fond encadrés par quelques sonorités de cuivre, jusqu’à ce que l’issue du jeu ne résonne d’un ton interrogatif et autoritaire: « Vous, vous pariez que demain matin à neuf heures vous serez vivants, et nous, on parie que vous serez morts. D’accord?«
Picore nous emmène alors dans une course effrénée, progressive et profonde vers la survie. « 7 Rue De La Brevenne », ses accents plus trip hop/downtempo, et ces paroles humanisantes laissent encore percer quelques rayons de soleil, et rappellent ces étiquettes que l’on pose sur les vêtements des enfants quand ceux-ci sont encore peu familiers du domaine extra domestique. Puis tout devient noir, on entre de plein fouet dans un univers sans concession, avançant à vue sans pouvoir discerner la menace. « 3 Euros », c’est le prix à payer, c’est le prix du danger, celui de se faire aplatir tel un « Cocoboy Caramel » par ces rythmiques pachydermiques et apocalyptiques vous traînant, comme mort vivant, vers ce « Sauvage Central » électrique ou « L’Homme Moderne » connaîtra enfin sa sentence, assis sur son « Final Fauteuil »
On le sait désormais, c’est de chair humaine dont se rassasie Picore depuis toujours. À tel point qu’il en est devenu vautour, et qu’on a jamais autant eu envie de se faire dévorer. À table…
En écouteLa Teigne
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