30 Juin 20 Phoebe Bridgers – ‘Punisher’
Album / Dead Oceans / 26.06.2020
Indie folk
En pleine période de confinement, au pic européen de l’épidémie, le premier extrait de Punisher nous était dévoilé : Day off in Kyoto – I got bored at the temple – Looked around at the 7/11. On pouvait alors rêver d’un ennui à 10000 km, assignés que nous étions à notre kilomètre maximum de déplacement. Le single Kyoto se voulait clairement plus accrocheur et radiophonique que ce que l’on connaissait de la Californienne. Plus produit également. Il faut dire que Phoebe Bridgers produit pour d’autres artistes, notamment Christian Lee Hutson, présent en featuring et à la plume sur l’album. Ce morceau nous avait donc laissé rempli de curiosité tant il laissait planer le doute sur l’avenir de la demoiselle : allait-elle connaitre le même virage qu’une Angel Olsen, gagnant en production et en succès ce qu’elle a pu perdre en intimité musicale ?
À l’écoute de Punisher, on se rend compte que la musique de la jeune américaine de 25 ans n’a rien perdu de son caractère. Mais l’intéressée a indéniablement franchi une étape, passant d’une dimension confidentielle à celle de figure de proue d’une certaine veine musicale allant de Bright Eyes à Lucy Dacus (les featuring de l’album sont impressionnants).
Comme la phrase d’ouverture de son single, tout l’album est parcouru d’une verve ironique. Ainsi, sur le très beau Halloween : I can count on you to tell me the truth – When you’ve been drinking and you’re wearing a mask. La thématique du déguisement traverse l’opus jusqu’à sa photo de couverture, et la production regorge de sons, d’arrangements et de fioritures masquées, non identifiés, inversés (les sons sur Halloween, l’intro ambient nommée DVD Menu, les accords d’intro et les arpèges basse résolution de ICU) qui donnent un charme et une identité réjouissante au disque. On est loin d’une collection de compositions en guitare voix, et le nombre de pistes sur chaque titre est bien plus grand que sur un disque de folk classique. Car à ces arrangements d’ovnis qui peuvent faire penser à Big Thief ou à Phosphorescent ( l’intro du titre Punisher est très proche de ses voisins de label avec Song for Zula), s’ajoutent des orchestrations très savamment pensées, comme sur Graceland Too. Sur le final I Know The End, l’artiste pousse l’orchestration au maximum, dans un final apocalyptique impressionnant, qui ouvre des portes à un avenir encore plus percutant. Et si la fin du monde semble proche, l’avenir musical de Phoebe Bridgers reste en revanche, et paradoxalement, assez radieux.
A ECOUTER EN PRIORITE
Kyoto, Halloween, ICU, I Know The End
Pas de commentaire