18 Nov 10 Katerine – « Philippe Katerine »
Album
(Barclay)
27/09/2010
Chansons décalées
J’imagine bien la tête de Philippe Katerine quand le directeur artistique de Barclay a dit « OK, je prends » au sujet de son nouveau disque, une immense blague en 24 morceaux signée par l’alien de la varièt’ française. Difficile de dire si on aime ou non, de trouver du premier coup le degré avec lequel il faut l’aborder pour espérer l’apprécier. Déjà bien déjanté sur « Robots Après Tout » aux paroles aussi débiles que réelles et incisives, Katerine baptise son nouvel opus avec son propre nom et, affichant un sourire niais, pose sur la pochette avec ses vieux façon Deschiens. Tout laisse donc à penser qu’il s’agit là de son album le plus personnel, le plus spontané. Effectivement, aucune prise de tête à l’horizon, et le pire, c’est qu’on adhère sur ces mélodies basiques qui atteignent rarement les 3 minutes (ouf). C’est pile poil le genre de disque qui fait parler de lui: on est aussi loin du chef d’oeuvre (quoique…) que du navet, mais toujours dans le grand n’importe quoi. Quoiqu’il arrive, on se marre comme des cons et on passe un bon moment…
…Lorsqu’il démarre en bas de l’échelle en répétant en boucle les trois syllabes « Bla Bla Bla », qu’il chante (faux) de sa voix de gamin nonchalant sans scrupule des ballades non-sens comme cette « Reine d’Angleterre » qui vous chie gratuitement à la raie. Lorsqu’il atteint le summum de la connerie dès la quatrième chanson (« Les Derniers Seront Toujours Les Premiers ») au cours de laquelle il récite… l’alphabet à l’endroit puis à l’envers en réservant un final en feu d’artifice au Z, qu’il place des moments de tendresse ironiques au milieu de coups de gueules sur « Des Bisoux ». Lorsqu’il ne fait qu’un avec la lourdeur et l’humour de répétition (« Bien Mal »), qu’il joue avec nos nerfs et nos muscles zygomatiques sur le pas croyable « Philippe », qu’il cueille ses textes au ras des pâquerettes sur le couillu « Liberté », ou qu’il ose placer une chanson à peu près normale avec son single « La Banane » exhibant néanmoins son appareil intime en contre-jour sur le soleil couchant du clip. Lorsqu’il fait aussi chanter sa fille sur l’interminable ping-pong « A Toi, A Toi », ou sa femme Jeanne Balibar sur « J’Aime Tes Fesses ». Lorsqu’il conseille de faire du vélib’ la nuit sous ecstasy (on sent bien que c’est du vécu), qu’il prête le micro à ses parents qui se demandent pourquoi leur fils veut faire un film avec une femme nue et des handicapés, qu’il chantonne à sa manière le jingle de clotûre de votre Windows dans un minimalisme qui n’appartient qu’à lui. Lorsqu’il se marre sur « Moustache » et se montre aussi contagieux qu’une grippe A dans une soupe de langues. CQFD.
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