Phat Kat – « Carte Blanche »

Phat Kat – « Carte Blanche »

Carte Blanche[Album]
03/04/2007
(Look Records/2 Good)

Alors que la scène de Detroit pleure encore la disparition de son dernier génie en date, on s’empresse déjà de trouver la perle rare qui saura reprendre le flambeau de la Motor City. Après Ta’Raach et Black Milk, c’est donc au tour de Phat Kat de présenter ses arguments dans un second album attendu au tournant

Il faut dire que le MC est davantage que le simple « petit protégé de J-Dilla » d’usage en ce moment. Phat Kat fut le collaborateur d’origine de Jay Dee, au sein de First Down, bien avant l’épopée de Slum Village. On l’a ensuite retrouvé à maintes reprises derrière le micro sur des beats de Dilla

Pas étonnant donc que cette « Carte Blanche » fasse la part belle à la scène locale avec pas moins de cinq productions de J-Dilla (cinq tueries), quatre de Black Milk (dont le très bon « Danger » qu’on trouvait déjà sur le premier album de ce dernier), trois de Young RJ (du BR Gunna aux côtés de Black Milk, à qui l’ont doit aussi des beats pour Slum Village) et deux de Nick Speed (du G-Unit de Monsieur Propre a.k.a 50 Cent). Production 100% made in Detroit, donc

Niveau featurings, le disque est à peine plus contrasté. On retrouve bien évidemment l’inévitable Guilty Simpson (dont on attend fermement le premier album) ou Elzhi & T3 (de Slum Village), mais aussi Fat Ray (lui aussi du BR Gunna), le jeune Loe Louis ou Melanie Rutherford (sur « Lovely », le seul morceau sirupeux de l’album et donc rapidement le plus écoeurant). La jeune diva du r’n’b Truth Hurts sera donc l’unique « étrangère » tolérée dans ce tracklisting (pour une participation somme toute assez restreinte, avouons-le)

Sur le papier, tout était donc réunit pour que Phat Kat nous ponde un album dans la plus pure tradition de sa ville natale, ni plus, ni moins… Ce qui aurait été un poil décevant, vous l’admettrez. Pourquoi se contenter d’une bonne tenue quand on sait qu’on peut avoir l’excellence

Ronnie Cash, de son vrai nom, en est arrivé à la même conclusion. Car si les instrumentaux ne sauraient faire mentir sur ses origines (où dose-t-on aussi bien les ingrédients electro-funk et soul vocodorisée qu’à Detroit?), le flow du bonhomme est plus virulent que l’habituelle nonchalance des MC’s de la ville. On pense par exemple souvent à Notorious BIG, et pas seulement pour sa corpulence. Ecoutez ce très bon « My Old Label » qui rappelle la verve de Biggie sur l’énorme « Gimme The Loot » sur « Ready To Die ». De la haute volée

Le propos est certes assez éloigné des considérations philosophiques des backpackers, mais les beats tabassent et le flow termine à coups de pied. Et les baffes s’enchaînent ainsi les unes après les autres (« Nasty Ain’t It ? », « Get It Started », « Cold Steel », « Cash’Em Out », « Game Time », « Nightmare », « Hard Enuff »…) jusqu’à épuisement des combattants. Vous ne trouverez quasiment pas de répit au long de ces 14 titres, souvent assez courts, ce qui renforce la cohérence et l’efficacité de cette « Carte Blanche » qu’on lui relaissera volontiers..

Un album qui rassure sur la bonne santé du hip hop. On n’est donc pas obligé d’aller à ses frontières les plus expérimentales pour y trouver de la qualité. Ou comme disait KRS One, « The Return Of The Boom Bap »… Vous pouvez trembler

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